CRAB, drôle de nom pour un pilote conçu pour aller aussi droit que possible, mais qu’importe, son concepteur Denis Gauche (Seepro France) est un pur ingénieur qui se soucie peu de marketing. CRAB signifie Consigne pour Régulateur d’Allures à Basse consommation. Le principe est brillant : il s’agit d’un pilote automatique mettant en œuvre un calculateur classique, avec compas et accéléromètre, mais remplaçant le vérin hydraulique par une mécanique de régulateur d’allure…
Autrement dit, l’énergie nécessaire à la correction du cap ne provient pas des batteries mais d’une pale immergée qui prend appui sur les filets d’eau du sillage pour donner le coup de barre correcteur dans un sens ou dans l’autre. L’intérêt de ce système est naturellement énorme au plan énergétique, puisqu’on supprime l’unité de puissance (vérin linéaire ou moteur rotatif) par une mécanique auto-entretenue utilisant principalement l’énergie du bateau en mouvement. Du coup, la consommation se limite à celles du calculateur et du servomoteur donnant l’instruction au régulateur, de telle sorte qu’elle n’excède jamais 1 A (mesure du concepteur). Le pack batteries se limite à quatre batteries de format standard AA, faciles à remplacer en cas d’urgence. Un autre avantage du CRAB est de pouvoir utiliser le pilote au moteur, ce qui n’est pas toujours possible avec un « vrai » régulateur. Et l’utilisation en mode « vent » reste possible grâce à l’entrée NMEA… Là, je vous accorde que ça devient un peu vicieux, dans la mesure où on revient au fonctionnement d’un régulateur d’allure classique ! Mais c’est possible. Reste un inconvénient, un vrai : la présence du bâti en inox sur le tableau arrière. On n’y échappe pas, même si l’appareil est un peu plus compact sans la tourelle de l’aérien.
Le prototype du CRAB fonctionne avec un régulateur Orion (marque Beaufort, made in La Rochelle), mais il peut éventuellement être adapté à un autre modèle. Stéphane Narvaez l’a testé sur son Oïkos pendant son tour du monde à l’envers sans escale (2011-2012). L’appareil a été amélioré et fiabilisé depuis, et Stéphane repart avec la nouvelle version en avril prochain pour son défi 4SMS (4 Saisons dans les Mers du Sud), qui consiste à enchaîner quatre circumnavigations autour de l’Antarctique. Une folie ? Nous y reviendrons. En tout cas, une route a priori plus portante donc plus exigeante pour le pilote, donc un sacré banc de test !
Une version commercialisable du CRAB devrait être présentée au Nautic parisien en décembre dans le but affiché de convaincre un partenaire industriel… A suivre.