Essai Quillard Voiliers

Occasion du mois : l’Océanis 281, une valeur sûre pour la croisière !

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Lancé en 1994, le 281 s’intégrait à l’époque dans la nouvelle gamme Océanis du chantier Bénéteau dont il était le plus petit modèle. Ce petit croiseur confortable s’est vendu depuis à plus de 260 exemplaires…

L’idée du chantier Bénéteau au moment de la sortie de l’Océanis 281 était de proposer une unité à la fois rapide et suffisamment confortable sous le pont
pour envisager de véritables croisières côtières. Un compromis ambitieux, plutôt réussi si l’on en juge à première vue par cette carène volumineuse aux formes néanmoins harmonieuses. Au moment de mettre le pied à bord en compagnie de notre expert Sébastien Viant, nous découvrons un voilier bien entretenu qui affiche fièrement ses presque trente ans d’âge.

Preuve d’une certaine modernité, le cockpit de belle dimension est ceinturé par des hiloires raisonnables – suffisamment grandes pour protéger de la mer et assurer une assise confortable en navigation – et fermé par un petit tableau arrière amovible. Pour le rangement des aussières, pare-battage, annexe et autres, un coffre très profond positionné sous le banc tribord remplit son office à la perfection. A bord, pas de barre d’écoute de GV encombrante mais un palan repris sur une cadène dans le fond du cockpit.

Le cockpit de l’Océanis 281 est optimisé pour la navigation côtière avec des enfants. Crédit : Paul Gury.

UNE SECONDE MAIN DE 2015

Cette petite astuce, en plus de dégager de la place au port, permet de déborder au maximum la grand-voile sur le liston aux allures portantes. On notera aussi la présence d’un hale-bas rigide, sans doute une innovation intéressante au moment de la sortie de l’Océanis 281, repris depuis par tous les constructeurs…

Si le bateau date de 1995, cette deuxième main rachetée en 2015 par Jean-Luc Fouillen a toutefois peu navigué avec son premier propriétaire et pas beaucoup plus avec le suivant et cela se voit ! Sous le pont, les boiseries, les vaigrages – il s’agit d’un contre-moule collé au pont – comme la sellerie d’époque sont dans un état impeccable : pas d’humidité apparente et aucun jeu au niveau des cloisons et des menuiseries.

Nous apprécions au passage la configuration des aménagements intérieurs qui utilise le volume de la carène à bon escient : la grande couchette arrière trapézoïdale certes un peu sombre affiche néanmoins des dimensions XXL, le carré troué de plusieurs hublots latéraux (rouf et coque) et d’un capot de pont apporte lumière et chaleur à l’ensemble tandis qu’une vraie carte à cartes bien achalandée (tableau électrique aux normes, GPS traceur, VHF fixe) fait face à une cambuse digne de ce nom. On notera la présence à l’arrière tribord d’un cabinet de toilette avec douche, isolé du reste du voilier par une porte et d’un lit breton idéal pour le couchage des enfants (1,77 m de long pour 1,28 m de large) dans la pointe avant sous lequel se trouve le grand réservoir d’eau douce d’une contenance appréciable de 190 litres. Cerise sur le gâteau, sous les banquettes comme sous la couchette de poupe, de nombreux équipets permettront de stocker les affaires personnelles et l’avitaillement si l’on souhaite s’évader plusieurs jours.

Le carré est chaleureux et les boiseries sont comme neuves. Crédit : Paul Gury.

Là encore, aucune eau ne stagne dans des fonds qui sont d’une propreté irréprochable. La structure constituée d’un contre-moule posé contre le fond de coque ne présente, quant à elle, aucune trace de fissure ou de déboîtement. A l’image de l’épontille qui ne semble pas avoir subi de compression excessive : le bateau est sain ! Nos regards ne tardent pas à se tourner sous les planchers pour une inspection dans les règles de l’art.

UN TIRANT D’EAU DE 1,16 M SEULEMENT

Les varangues sont directement stratifiées à la coque. Ici et là apparaissent des microfissures mais rien de vraiment inquiétant, d’autant que nous apprenons que Fanch3 n’a jamais talonné. L’observation attentive des boulons de quille s’avère favorable : peu de rouille et pratiquement pas de cloques de peinture.
En revanche les contre-plaques sont corrodées – un changement sera obligatoire – et le système d’assèchement fait son âge…

Mais le temps passe et nous devons nous rendre sans plus tarder sous la grue du port de Lorient La Base pour une sortie d’eau. Conséquence de son faible tirant d’eau (seulement 1,16 m), la manœuvre de port n’est pas évidente. Déporté par le vent d’est soufflant le jour de notre essai, notre Océanis 281 a bien du mal à accrocher malgré son safran de belle taille. Il ne faudra donc pas hésiter à mettre des gaz, chose facile avec ce Volvo de 20 ch bien entretenu, pour garder le contrôle !

Dans les sangles, les œuvres vives se dévoilent à nos yeux affûtés. Encore une fois pas de mauvaise surprise à la clef avec cette occasion puisque la carène ne présente aucune trace de déformation ni même (plus grave) d’osmose. L’antifouling de bonne tenue est en revanche handicapé par les différentes couches issues des anciens carénages. Un retour sur le primaire époxy ne sera pas du luxe pour redonner du lustre à la coque. Si la liaison du joint quille/coque ne dévoile pas non plus de défaut particulier, il faudra surveiller de près certaines surépaisseurs visibles sur le voile de quille. Il y a de fortes chances pour que la fonte ait commencé à corroder avec le temps.

Ce voilier est en bon état, a peu de milles dans le sillage et a été bien entretenu par ses deux précédents propriétaires. Peu de travaux sont à envisager pour le remettre complètement d’attaque.

DES ŒUVRES MORTES QUI PRÉSENTENT BIEN

Un traitement curatif pourrait être nécessaire pour repartir sur des bases saines mais là encore, rien de bien préoccupant… Enfin, safran, passe-coques et hélice n’ont pas eu à souffrir des outrages du temps : les bagues sont fonctionnelles et les trois pales en parfait état. Quant aux œuvres mortes, elles font étalage d’une belle santé. A l’exception de quelques réparations de gel-coat – celui-ci, légèrement farineux, fait son âge – sur le bordé, le pare-battage d’étrave a bien joué son rôle protecteur. En conclusion, l’ensemble nous a fait bonne impression à l’image des hublots de coque toujours vaillants ou encore du rail de fargue bien en place. Pour finir ce petit tour, au niveau de la jupe, la bande de caoutchouc protectrice est en place, l’échelle de bain se déplie sans souci et la petite douchette encastrée fonctionne correctement.

Il ne nous reste plus qu’à étrenner ce petit voilier en rade de Lorient pour voir son comportement sous voiles. Côté gréement courant, les drisses font leur âge – seule celle de la grand-voile est neuve – tandis que le dormant est d’origine. Malgré des révisions régulières par un gréeur professionnel, il sera conseillé de changer l’ensemble des câbles à l’achat pour larguer les amarres l’esprit tranquille. La GV full batten, qui affiche quelques heures de vol mais a su garder une jolie forme, est hissée en un tournemain, bien aidée par un lazy-jack aussi discret qu’efficace.

Gréement classique à un seul étage de barres de flèche poussantes et génois à recouvrement Crédit : Paul Gury.

A l’avant, le génois flambant neuf se déroule sans forcer dans une petite brise de terre qui rentre par risées. Il n’en faut pas plus pour tracer sa route, Fanch3 se révélant plutôt véloce dans les petits airs. Et vu la surface de toile et la simplicité de l’accastillage proposée, l’Océanis 281 ne demande pas d’efforts physiques pour bien marcher. Nous regrettons de ne pouvoir sortir le spi de sa baille et drisser le tangon pour cause de souci de balancine mais il est fort à parier que son utilisation doit rester dans le cahier des charges du bateau, c’est-à-dire facile et
sécurisant.

Ce sont deux winches de piano posés sur le rouf – celui de bâbord a été rajouté par l’actuel propriétaire – et deux winches d’embraque qui suffisent à la totalité des manoeuvres. Barre douce et légèrement ardente, grand safran sensible et offrant une bonne évolutivité, ce croiseur côtier se déhale aisément et avale bien le petit clapot court du jour même si la carène volumineuse a tendance à tanguer par moments. A l’abri d’une capote de rouf bien entretenu, nous multiplions les virements de bord au pied de la citadelle de Port Louis pour les besoins du photographe. Un oeil sur le sondeur, tout se déroule comme sur des roulettes sauf le passage de cette fichue écoute de génois qui prend un malin plaisir à se coincer dans les taquets d’étrave…

Quoi qu’il en soit, les qualités nautiques de notre monture ne sont pas à sous-estimer, d’autant qu’elles collent parfaitement à un programme de croisière familiale tout en douceur avec un couple et deux enfants par exemple. Avec de la place sous le pont, des manoeuvres toujours aisées, un cockpit sécurisant et fonctionnel ainsi qu’un petit tirant d’eau pratique pour musarder au plus près des cailloux, l’Océanis 281 cherche son futur propriétaire. Et à ce prix-là, il ne devrait pas rester longtemps orphelin !

L’Océanis 281 en chiffres :

LONGUEUR COQUE : 8,42 m. LONGUEUR FLOT. : 7,38 m. LARGEUR : 2,86 m. TIRANT D’EAU : 1,16 m. DEPLACEMENT : 2 600 kg. LEST : 780 kg. SV AU PRES : 38,60 m2. GÉNOIS : 21,60 m2. GRAND-VOILE : 17 m2. MOTORISATION : Volvo Md 2020 18 ch. MATÉRIAU : strat. verre/polyester (monolithique). CONSTRUCTION : au contact. ARCHITECTES : Groupe Finot. CONSTRUCTEUR : Bénéteau. CATÉGORIE : CE B pour 6 personnes.
PRIX DEMANDE : 27 000 €.
CONTACT : Jean-Luc Fouillen, 06 48 28 53 66

Publié par  Paul Gury
Publié par Paul Gury
Journaliste, à Voile Mag depuis mai 2016. Tour de l’Atlantique entre copains, entraînements d’hiver et régates intensives en J/80, essais « 100 milles à bord » en toute saison, Paul prend la mer à toutes les occasions, sur toutes sortes de bateaux et par tous les temps. Spécialiste de l’équipement et souvent aux premières loges pour les reportages course au large, le plus waterproof de nos essayeurs !