Rénovation voilier : retour en 2015 avec la folle aventure du First 210

Rappelez-vous, en 2015, Voile Magazine s’était lancé un défi fou : trouver un First 210 en mauvais état, le restaurer et naviguer ensuite avec. Nous vous proposons de revivre les différentes étapes de la restauration de ce voilier très populaire. Débutons l’aventure avec sa découverte.

On en rêvait depuis longtemps. Sans réécrire l’histoire du Sylphe, dont la restauration au Chantier des Minimes avait été le fil rouge des premières années de Voile Magazine, imaginer une nouvelle aventure nautique et humaine qui nous permette à la fois d’en apprendre beaucoup au contact de vrais pros de l’entretien et de la rénovation, et de rêver autour d’un bateau accessible, marin et populaire : le First 210.

Très honnêtement, nous avons eu d’autres opportunités, vu des bateaux à restaurer qui auraient pu, techniquement, faire l’affaire. Mais nous n’en voulions pas d’autre. Parce que le First 210 est unique, parce que plus de 3 000 propriétaires l’ont choisi, lui et ses héritiers, parce que c’est pour nous le complice idéal de toutes les croisières côtières, capable d’encaisser du vent fort, de se glisser dans un tout petit port et d’échouer dans un tout petit mouillage, d’emmener trois ou quatre personnes plusieurs jours en autonomie, de se caler sur une remorque et de voyager sur route – on y reviendra – pour peu qu’on soit titulaire du permis BE. Enfin parce qu’il est né en 1992, trois ans avant nous ! Et qu’il véhicule des valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons volontiers : sens marin, sens pratique et convivialité.

Trouver un First 210 dans son jus à restaurer n’est pas aussi facile qu’il y paraît

Bref, on l’aime ce bateau, et on aime aussi ceux qui l’ont conçu, que ce soient ses architectes, Jean-Marie Finot et Pascal Conq, ou leurs interlocuteurs de l’époque chez Bénéteau, le regretté François Chalain et bien sûr Eric Ingouf. Eric est d’ailleurs impliqué dans cette aventure du « 210 Voile Magazine », c’est grâce à lui et à Yannick Hemet, directeur commercial Europe du Sud du chantier vendéen, que nous avons fini par dénicher l’oiseau rare. Car trouver un First 210 dans son jus à restaurer n’est pas aussi facile qu’il y paraît. Le 210 est si populaire qu’il se fait rarement oublier sur un terre-plein : il y a toujours un passionné pour lui donner un coup de neuf et le faire naviguer !

Le First 210 Blue Shark, est dans un état très moyen

Il a donc fallu lancer un avis de recherche au sein du réseau Bénéteau pour trouver une coque en déshérence. Et, ironie de l’histoire, c’est Océan Nautic, le concessionnaire Bénéteau rochelais situé à deux pas du Chantier des Minimes, qui a levé la main… Blue Shark s’y trouvait depuis quelques mois, depuis que son propriétaire (voir par ailleurs) l’y avait laissé en reprise. C’est la coque numéro 14, achetée sur plan par Olivier Boidevezi au Salon nautique 1992.

Un certain Nicolas Boidevezi, son neveu, a fait ses premières croisières à bord, entre le fier d’Ars, l’île d’Aix et le phare de Chassiron. Que rêver de mieux pour emmener une petite famille à l’échouage sur le banc du Bûcheron, ou pour faire ses premières armes en tant que skipper avec quelques bons copains ?
Aujourd’hui, Blue Shark est dans un état très moyen, et on ne vous cache pas que c’était un peu le but ! Notre premier objectif, avec le chantier brestois Rolland Yachting, est de lui offrir une seconde jeunesse. Il faudra sabler et traiter le lest, mettre à nu la coque, probablement changer l’intégralité du gréement…

Rendez-vous aux tonnerres de Brest !

On fera un état des lieux complet dans le prochain numéro. Ce qui est sûr, c’est qu’on veut pouvoir naviguer dès la saison prochaine, avec notamment en ligne de mire le grand rendez-vous des Tonnerres de Brest 2016. Après il y aura d’autres navigations, d’autres améliorations de notre bébé de 6,40 m,
dont certaines issues de l’évolution du bateau de 1995 à nos jours. Au fond, tous les rêves et tous les délires, ou presque, sont permis, à condition de recevoir la bénédiction des architectes ou du BE Bénéteau !

Si des partenaires se manifestent pour faire de ce 210 Voile Magazine une vitrine technologique et écologique de ce qui se fait de mieux dans le nautisme, pourquoi pas ? Mais commençons par les premiers pas. D’abord, le transport routier, de La Rochelle à Brest en l’occurrence, et les questions pratiques qu’il soulève. Ensuite la remise à neuf de la coque et du gréement. Un chantier qui devrait déjà nous occuper jusqu’à l’été prochain… C’est parti ! Et c’est le début d’une grande aventure.

Blue Shark : 20 ans dans la famille Boidevezi

Si Olivier Boidevezi a le virus de la voile, il n’est pas sujet au syndrome du « mètre de plus » qui incite le plaisancier à se mettre régulièrement en quête de plus de volume et de confort. Quand il achète un First 210, c’est pour vingt-trois ans. Pourquoi changer quand votre petit bateau a toutes les qualités dont vous rêviez ? Quand il vous emmène avec votre famille au complet dans tous les petits ports charentais, sur
tous les bancs de sable le temps d’une marée, sans jamais se départir de son sens marin et sans jamais vous laisser tomber quand les choses se gâtent.

Non vraiment, entre Blue Shark et la famille Boidevezi, l’idylle était sans nuage. Une génération de moussaillons y a trouvé son compte. Certains ont même fait du chemin depuis leurs premiers bords en First 210, à l’image d’un certain Nicolas Boidevezi, neveu d’Olivier, aujourd’hui à la barre d’un IMOCA… Si le rôle d’un petit bateau est de faire naître des vocations, alors oui, Blue Shark a fait le job. Et ce n’est pas fini ! Aujourd’hui Olivier, qui avait du mal à faire naviguer ses sept petits-enfants en First 210, change pour un First 25 S. En espérant que les qualités nautiques à la hauteur du 210 seront au rendez-vous.

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