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Majorque : l'échappée d'un week-end

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Plus sauvage qu’il n’y paraît et si accueillante au printemps, la plus grande île des Baléares, Majorque, mérite un beau week-end et même plus ! Nous sommes allés le vérifier sur place…

Texte et photos : Emmanuel Van Deth.

Avec plus de 22 millions de passagers par an, l’aéroport de Palma est entré dans le top 20 européen – et c’est même l’un des plus actifs l’été. C’est dire s’il est aisé de rejoindre l’île par les airs. Et la destination est d’autant plus attractive – en plus d’être particulièrement ensoleillée – qu’elle est desservie par de très nombreuses compagnies low cost. Majorque est également accessible par ferry, principalement depuis Barcelone, Valence et Denia.

Navigation à Majorque

Palma est donc le point de départ logique d’une croisière à Majorque… Ce n’est pas pour rien que tous les grands loueurs de voiliers sont basés ici ou tout à côté. Reste que pour un week-end de deux jours, faire le tour de l’île tient de la gageure – à moins de boucler 200 milles en mode convoyage, pas forcément l’idée qu’on se fait de quelques jours de détente. Pour une virée dépaysante, on commence par fuir les immeubles qui bordent la baie de Palma, et se caler sud-est… Cap sur Cabrera, île sauvage devenue Parc national en 1991, à moins de 20 milles.

Il est possible de réserver une des cinquante bouées dédiées pour la nuit sur internet… mais à la belle saison c’est complet, évidemment. La plupart des voiliers de location disposent à bord d’une autorisation annuelle de circulation et de mouillage de jour. L’île de Cabrera offre deux zones de mouillage réglementées. Le mouillage principal, bien abrité sauf du très fort vent de nord, forme une vaste baie entourée de collines à la végétation sèche et de roches ; un panorama magnifique auquel on peut goûter mieux encore en empruntant le sentier qui mène au château.

Baguenauder en annexe dans l’archipel

A l’est, la Cala Es Borri dispose de quelques corps-morts pour la journée. Il est interdit de mouiller dans tout l’archipel mais baguenauder en annexe reste possible. Faute de pouvoir rester la nuit à Cabrera, n’hésitez pas à remettre les voiles en fin d’après-midi, cap au nord. Votre objectif ? Puerto Colonia de Sant Jordi. Les voiliers sont parfois nombreux au mouillage, coincés entre le port et une belle plage, mais le site est superbe et la ville avenante et animée. Si vous disposez de quelques jours de rab, le tour de l’île est envisageable. Quatre calas pour commencer sur la côte sud-est : Marmols, Figuereta, Llombart et Santanyi.

Mais c’est celle de Figuera, profondément enchâssée dans la roche et les pins, qui vous séduira le plus ; le petit môle permet l’amarrage cul à quai. La carte vous indique des dizaines d’autres calas plus séduisantes les unes que les autres mais vous n’avez pas deux semaines devant vous..

Majorque
A la Cala Mijana, on s’amarre aux anneaux maçonnés dans la roche.

Découvrez tout de même l’excellent abri de Porto Petro et ses luxueuses villas, faites l’impasse sur la bling bling Cala d’Or pour poursuivre votre route au nord-est. Si vous n’avez qu’un grand week-end, à ce stade il faut penser à revenir vers Palma. Si vous avez plus de temps, à vous la côte nord, véritable joyau de Majorque. Virez le Cabo Ferrutx, qui borde au nord-est l’immense baie d’Alcudia et découvrez, si les conditions météo le permettent, un splendide mouillage, Cala Es Calo.

Des roches dorées, des pins, de l’eau turquoise à Majorque

Un petit quai à demi effondré, des roches dorées, des pins, de l’eau turquoise, des sommets de plus de 400 mètres : l’environnement est exceptionnel et absolument sauvage. Zappez le fond de la baie d’Alcudia ; les plages y sont belles mais l’urbanisation très présente. En revanche, aventurez-vous dans la baie de Pollensa. La ville, accueillante et animée, est bordée par d’impressionnants sommets rocheux, distillant une lumière unique.

Le fameux Cabo Fromentor se découpe dans l’azur. Imposant, majestueux, et parfaitement accore, il donne envie de le raser à y laisser son antenne VHF quand le temps est calme. Débute donc la fameuse côte nord, si sauvage… Très peu de villages, peu de vrais abris, mais seulement de la roche blanche, ocre, or et des falaises toujours plus élancées. Les plus hauts sommets de l’île, tous proches du rivage, dépassent volontiers les 1 000 m – 1 455 pour le Puig Mayor.

cala tuent
Cala Tuent : un mouillage exposé au nord mais impressionnant car dominé par le Puig Major, le plus haut sommet de l’île.

A découvrir, même si les mouillages sont vite saturés : Torrente de Pareis (et son étonnant lagon) et la spectaculaire Cala Tuent, au pied du plus haut sommet de l’île. Votre escale pour la nuit ? Puerto Soller, seul véritable abri de la côte nord – ponton ou mouillage. Une baie magnifique dans un écrin de collines et de falaises, une ville pleine de charme – on y resterait bien quelques jours ! Mais vous avez votre tour à boucler… C’est reparti pour cette fameuse côte nord, progressivement plus boisée. A ne pas rater : l’incroyable péninsule de 600 m de long – Peninsula de la Forradada – mystérieusement percée. Un sentier mène à une villa visible de la mer qui était la propriété de l’archiduc Luis Salvador d’Autriche, lequel mouillait son bateau à vapeur au pied de chez lui.

Le vaisseau minéral de la Dragonera

Encore quatre calas exposées au nord et l’île de la Dragonera, sorte de vaisseau minéral en train de sombrer vers Majorque, marque l’extrême est de votre périple. A partir d’ici, ou plus précisément de San Telmo, les bâtiments se font plus nombreux et les mouillages plus encombrés – on se rapproche de Palma. Andraitx est le premier port vraiment protégé par tous temps. Il est possible de s’amarrer sur un corps-mort, en gros contre un euro du pied (la longueur du bateau, pas votre pointure…).

Les ports et calas suivants sont nombreux, les eaux toujours aussi claires, mais l’urbanisation a pris le dessus. Deux exceptions notoires : Cala Figuera et Cala Portals, qui se divise en trois criques distinctes. Après, en route vers Palma, mis à part le décevant mouillage Las Illetas – archi bondé et tout plat –, plus grand-chose à faire. Mais vous retiendrez tout de même de vos 200 milles au loch les panoramas imposants de la côte nord !

Navigation à Majorque
Un grand merci à Dream Yacht Charter qui a mis à notre disposition ce superbe Sun Odyssey 449 via l’agence My charter

Majorque pratique

Pas de marée, des courants négligeables et très peu de hautsfonds : croiser à Majorque est aussi plaisant que facile – avec à la clé des eaux tièdes (14° au plus froid, 26 au mieux) et turquoise. L’air est doux l’hiver avec 11°C de température moyenne en janvier, mais chaud et sec l’été avec 25°C en août (minima 18°C et maxima 31°C). Le temps est globalement sec et ensoleillé – 400 mm d’eau et 2 750 heures d’ensoleillement par an. De juin à septembre, il fait pratiquement beau tout le temps… Seules contraintes : la houle et le clapot qui peuvent rendre certains mouillages difficilement tenables.

D’une manière générale, vous serez tenté de profiter de profiter des innombrables baies et calanques – les calas. Mais les possibilités d’être amarré à quai, de faire le plein d’eau et de carburant sont presque partout envisageables ; Majorque compte une vingtaine de ports parfaitement équipés. Les abris sûrs sont suffisamment nombreux pour assurer un repli sûr et rapide – à l’exception de la côte nord : sur les 50 milles de falaises et à-pics spectaculaires, seul Puerto Soller est fréquentable si la mer est agitée.

Si le climat est globalement doux et ensoleillé même l’hiver, les vents peuvent être violents pendant la mauvaise saison – la tramontane parvient à se faire sentir sur la côte nord de Majorque et la houle peut atteindre deux mètres. En revanche, de mai à octobre, les conditions sont particulièrement favorables à la navigation. Voire trop : il n’est pas rare que des journées de calme plat s’enchaînent… Là, le moteur s’impose mais toutes les calas deviennent accessibles. La côte sud, et particulièrement la baie de Palma, profite en revanche d’un régime régulier de brise thermique – de secteur sud, donc. 4 Beaufort et juste un léger clapot, que rêver de mieux ?

Publié par Emmanuel Van Deth
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