Essai

Essai du JPK 11.80 – un incroyable talent!

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« Le JPK 11.80, le bateau à ne pas louper ! », me lance à la volée mon rédacteur en chef. Un peu dépité de ne pouvoir lui-même l’étrenner, la faute à un contretemps qui fait bien mes affaires.

C’est vrai qu’il est alléchant le JPK 11.80. Dans le style course-croisière élégant, on frôle la perfection avec ce voilier taillé avant tout pour la course au large mais aussi à l’aise dans le cadre d’une régate autour de trois bouées.

D’ailleurs, le programme prévu est sans équivoque : Fastnet, Tour des îles britanniques et Middle Sea Race pour commencer en douceur avant de se lancer sur la Sidney-Hobart où son propriétaire Gerry Trentesaux compte bien faire des étincelles. Sans grande surprise, les bonnes recettes des précédents JPK, 1010 et 10.80, sont au rendez-vous avec ce brion tout en douceur – toujours la vitesse et la stabilité au portant –, du volume à l’avant pour favoriser la portance, deux safrans avec retour sur une seule barre franche pour garder le contrôle même en équipage réduit et un rouf en sifflet.

Ce dernier est assez large au niveau des haubans pour disposer d’un rail transversal pour le réglage du point de tire du foc et de larges passavants. Le rouf a également été pensé pour faciliter l’installation d’un piano bien fourni tandis qu’il se termine en pente douce devant le mât pour conserver des lignes de pont harmonieuse et de la place sur la plage avant. Pour un minimum de traînée dans l’eau, la coque en forme se voit prolongée d’un bouchain vif qui remonte en pente douce jusqu’au tableau arrière.

Un cockpit idéal pour manœuvrer en équipage

Avec un maître bau de 3,95 m, la place dans le cockpit du JPK 11.80 ne manque pas. Vu les dizaines de manœuvres dormantes qui y reviennent, ce n’est pas plus mal ! Très large dans sa partie arrière, il affiche des dimensions idéales pour manœuvrer en équipage, d’autant plus que la batterie de quatre winches de chaque bord (piano, écoute de voile d’avant, GV et pataras) s’avère bien pratique pour des manœuvres à plusieurs. C’était d’ailleurs l’un des objectifs du JPK 11.80. Nous sommes seulement quatre à bord pour ce convoyage de La Trinité à Lorient : le constructeur en la personne de Jean-Pierre Kelbert, le préparateur du bateau, Arnaud Aubry, amoureux des JPK et excellent régatier, Tony Gee venu spécialement d’outre-Manche dans la perspective d’un achat.

C’est peu pour ce voilier qui devrait régater avec neuf équipiers sur le pont.Amarres larguées, nous quittons le port à bonne vitesse, cap sur la Teignouse. La descente du chenal est l’occasion d’envoyer la GV de 52 m2 le long du mât carbone Axxon fabriqué en haut module . Elle se borde via un retour en continu sur deux winches, option intelligente pour encombrer au minimum le cockpit, encore le souci de l’ergonomie… Quant au réglage du gréement, il s’effectue via un mast jack et des cales : un jeu d’enfant !

Dans cette petite brise qui nous pousse vers le large, le spi symétrique ne tarde pas à faire son apparition. La manoeuvre de cette voile de 150 m2 me paraît d’une facilité déconcertante. Il faut dire que l’accastillage de pont, simple et bien positionné, est largement optimisé. La Teignouse dans le tableau arrière, nous devons déjà affaler le pépin pour remonter le long de la côte Sauvage de Quiberon dans un flux de nord-est qui fraîchit dans tous les sens du terme.

Le JPK 11.80, un voilier bien équilibré

Au bon plein, Courrier recommandé lance soudainement les chevaux : 8 nœuds au speedo dans un bon force 4 avant de titiller les 9 nœuds dans un vent qui forcit à plus de 20 nœuds. Température ressentie : quelques degrés sous zéro mais le froid s’oublie vite tellement les sensations à la barre sont grisantes… Surtoilé dans les bouffes, le bateau demeure pourtant bien équilibré, la barre toujours douce. On accompagne le JPK à chaque risée ou sur chaque vague en prenant un maximum de plaisir, les bottes contre les cale-pieds ! Ces sensations résultent d’une équation parfaite entre une carène bien conçue, des pelles de safran profondes, une quille droite lestée de 2 700 kg d’un mix plomb/ fonte et d’une construction rigide.

En effet, celle-ci est entièrement réalisée en infusion (varangues infusées avec la coque). Idem pour les meubles afin d’optimiser le rapport poids-raideur. Sous le pont justement, on retrouve beaucoup de volume avec une bonne finition des aménagements : grande cabine avant, quatre bannettes sur cadre dans chaque cabine arrière, un espace de travail de chaque côté de la descente avec écran d’ordinateur et des rangements sous les planchers. Il est même possible, grâce à un système de bout, d’ouvrir les planches situées au-dessus du carré pour y dormir en mer…

Après un moment passé à se réchauffer car il neige dehors, le chenal de Lorient sera l’occasion de finir notre convoyage express en beauté en multipliant les virements de bord à une vitesse assez hallucinante : plus de 7 nœuds à 25° du vent apparent. Pour ceux qui doutent encore, ce voilier est tout simplement ébouriffant !

jpk 11.80
Les aménagements intérieurs sont de bonne facture et l’éclairage soigné (des fils de LED avec variateur).
Publié par  Paul Gury
Publié par Paul Gury
Journaliste, à Voile Mag depuis mai 2016. Tour de l’Atlantique entre copains, entraînements d’hiver et régates intensives en J/80, essais « 100 milles à bord » en toute saison, Paul prend la mer à toutes les occasions, sur toutes sortes de bateaux et par tous les temps. Spécialiste de l’équipement et souvent aux premières loges pour les reportages course au large, le plus waterproof de nos essayeurs !
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