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Yvon Georges est parti : la Cancalaise est orpheline

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Yvon Georges était l’âme de la bisquine de Cancale. Il l’avait vu naître membrure après membrure sur le port de La Houle avant d’en assurer le rôle de patron pendant près de vingt ans. Le 25 juin, Yvon nous a quittés, terrassé par une crise cardiaque, à l’âge de 72 ans. L’ABC, l’Association de la bisquine cancalaise n’est pas seule en deuil. C’est toute une ville qui vient de perdre l’un de ses plus grands marins.

Je l’avais connu à l’Ecole de Voile de Port Mer dans les années 1970 où nous étions moniteurs, avant de le retrouver pour le lancement de la bisquine en avril 1987. D’emblée, à la barre ou à la manœuvre du bateau de pêche le plus toilé des côtes de France, il s’était révélé un patron d’exception. C’était un vrai bonheur rempli d’admiration de le voir habiller la dame en noir, envoyer la misaine, le petit hunier, le grand, le tape-cul puis les perroquets, avant d’emprunter le chenal de la Vieille Rivière, cap sur Chausey. Là, il était dans son jardin, connaissant le moindre caillou.

Je me souviens qu’il s’amusait, en louvoyant dans l’Odet, à caresser le feuillage des arbres de l’extrémité sans fin du bout-dehors. Et que dans les rassemblements de vieux gréements, à Brest ou Douarnenez, il était le premier à appareiller, toujours sous voiles. J’étais à ses côtés lors des deux régates disputées contre la Granvillaise, en juillet 1990 avec Eric Tabarly, en 1996 avec Isabelle Autissier.

La dernière fois que l’on s’est revus, c’était pour cette sortie historique et inoubliable organisée pour fêter les trente ans de la bisquine. Ce jour-là, comme il l’avait fait depuis des décennies, il était monté sur le banc de barre pour mieux surveiller la tension des guindants avant de laisser la barre aux jeunes recrues. Salut Yvon, la Cancalaise est orpheline.

Publié par  Bernard Rubinstein
Publié par Bernard Rubinstein
« Le dinosaure de la presse nautique », c’est ainsi que se définissait volontiers Bernard, alias Rubi ; il faut dire qu’il avait œuvré successivement dans les rédactions de Neptune Nautisme, Neptune Yachting et Voile Magazine pendant plus de 45 ans, après avoir fait ses classes sur Pen Duick VI aux côtés d’Eric Tabarly… Excusez du peu ! Trop tôt disparu (13 juin 2020), il reste pour toute la rédaction de Voile Mag un modèle de rigueur et de curiosité nautique.
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