Régates et courses

La nuit de l’Armen Race à bord d’un J 105 !

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En ce jeudi de l’Ascension, Voile Magazine embarquait sur un J/105 (La grande Jinette) au départ de la 8e édition de l’Armen Race-Uship. Histoire de vivre de l’intérieur cette course qui connaît un succès croissant, aussi bien auprès des professionnels que des amateurs éclairés… Deux programmes étaient proposés aux 163 équipages au départ de La Trinité-sur-Mer : soit un parcours de 320 milles le long des côtes bretonnes et vendéennes en passant par la chaussée de Sein et l’île d’Yeu ou bien celui choisi par notre skipper, à savoir un rond de plus de 130 milles entre Les Glénan et la basse Capelle à l’ouest du plateau du Four (plus connu sous le nom de la Nuit de l’Armen). Avec un départ prévu à 14 heures, l’occasion était trop belle d’aller traîner ses bottes sur les pontons pour se faire une idée de la composition de la flotte et des prétendants. Au pied du brise-lames, une petite dizaine de Class 40 annonçaient la couleur avec leurs équipages très professionnels tandis qu’en IRC 1, le tout dernier JPK 11.80 ne manquait pas de se faire remarquer, celui à qui l’on prédit une si belle destinée ! Il était également possible de croiser le MMW 40 Racer (Stamina IV) à la carène planante ou encore le magnifique Mach 45, Bretagne Telecom skippé par Nicolas Groleau.

Du bien beau monde au ponton de la Trinité à quelques heures du départ                                   (Crédit Jacques Vapillon/Armen Race Uship 2018)

En IRC 2, Hey Jude le J/120 de Philippe Girardin était lui aussi attendu au tournant tandis que l’on retrouvait avec plaisir de nombreux concurrents de la dernière Transquadra (Black Mamba, l’Ofect 32 de Yann Dubé, Bouznik le JPK 10.80 de François Valraud associé à Mister JPK lui-même, Sail Cloud un SF 3600 emmené par un certain Alex Ozon ou encore Ogic un JPK 10.10 skippé par Pascal Chambard de Lauwe) engagés dans une catégorie faite pour eux, l’IRC double ! Chez les Multi 2000, impossible de passer à côté d’Acapella, le sistership du célèbre trimaran jaune de Mike Birch ou bien du splendide catamaran No Limit tout en carbone skippé par Yann Marilley accompagné de Sidney Gavinet, Jean-Baptiste le Vaillant, Edouard Alikiagalelei, Alex et Jean-Pierre Nicole, excusez du peu ! A quelques minutes du grand départ, le chenal de La Trinité était digne de celui d’un Spi Ouest France : une véritable armada  se pressait sur la ligne mouillée à quelques encablures du Petit Trého. Dans un vent d’ouest un peu frisquet de 12, 13 nœuds, nous ne tardions pas à lancer les chevaux au bon plein cap sur la Teignouse, avant de remonter au près vers le nord et de poser les premières options tactiques.

La grande houle de l’Atlantique attendait la flotte une fois passée le phare de la Teignouse.    (Crédit Jacques Vapillon/Armen Race Uship 2018)

Pour notre flotte (celle de la Nuit de l’Armen), le passage de Groix fut un moment d’intense réflexion en sachant que nous devions aller chercher par la suite la sud Glénan (dite de la Jument) dans un flux de secteur ouest mollissant en début de soirée. Le tout avant une grosse bascule de près de 180° prévue pour le milieu de la nuit avec un vent passant au sud-est. Prudents, nous passions finalement au vent de Groix pour jouer les courants épaulants, choix judicieux puisque nous nous présentions vers une heure du matin au sud de l’archipel de Glénan en tête du classement. Ce fut ce moment que choisit Éole pour disparaître, nous obligeant à sortir le spi et à multiplier les empannages de nuit et ce dans une pression quasiment inexistante : dur pour les nerfs… Grande molle avant la bascule, c’est bien connu, qui annonçait le suet attendu ! C’était alors parti pour une fin de nuit au près dans une brise fraîchissante à une quinzaine de nœuds et une mer de plus en plus cassante au fur et à mesure de notre approche de Belle-île. Approche une nouvelle fois hautement stratégique puisqu’il ne fallait surtout pas se laisser embarquer dans le courant de flot de la Teignouse et bien rester couvert par la grande île en attendant une belle adonnante prévue sur les fichiers Grib. Malheur aux voiliers qui, comme nous, ont mal estimé cette nouvelle configuration météo avec à la clef une sanction immédiate : se voir passer au vent par des concurrents plus malins et perdre bêtement les places si chèrement acquises lors de cette nuit glaciale. Avant de passer la dernière marque de passage au large du plateau du Four puis de rentrer pleine balle – enfin au portant ! – sur La Trinité-sur-Mer.

Un équipage fatigué mais heureux de couper la ligne après 26 heures, 13 minutes et 47 secondes d’une course haletante! (Crédit Paul Gury).

Nous coupions finalement la ligne d’arrivée à l’entrée du chenal à une belle septième place sur 33 en temps réel, contents d’avoir ramené le bateau à bon port et des souvenirs de mer plein la tête. La course semi-hauturière, y’a pas à dire, c’est le pied !

Résultat Armen Race, IRC 1 : Bretagne Telecom (Mach 45, N. Groleau), IRC 2 : Hey Jude (J 120, P. Girardin/Tilleau), IRC 3 : Delnic (JPK 10.10, B. Rousselin), IRC 4 : Persephone (Tina, Y. Lambert), IRC double : Black Mamba (Ofcet 32, Y. Dubé/ X. Macaire), Class 40 : Oman Sail (G. Le Brec), Mini 6.50 : Coba 2 (P. Moizan), Multi 2000 : Acapella (Trimaran 38, C Capelle), OH : Atrox (X 332, H. Baseden).

Résultat Nuit de l’Armen : Navicom (X 102, A. Derozières), Kookaburra (First 31.7, JF. Guilmard), Iniz Cousin (First 31.7, L. Menahes), Altair 2 (First 325, F. Dore), Fastoch (SF 3200, D. Poiraud).

Publié par  Paul Gury
Publié par Paul Gury
Journaliste, à Voile Mag depuis mai 2016. Tour de l’Atlantique entre copains, entraînements d’hiver et régates intensives en J/80, essais « 100 milles à bord » en toute saison, Paul prend la mer à toutes les occasions, sur toutes sortes de bateaux et par tous les temps. Spécialiste de l’équipement et souvent aux premières loges pour les reportages course au large, le plus waterproof de nos essayeurs !
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