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Et pendant ce temps Thomas Coville…

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Nous avons reçu des nouvelles fraîches de Thomas Coville par l’intermédiaire de Sodebo. Nous les partageons avec vous :

« Thomas Coville attaque aujourd’hui le 11e jour du sprint dans lequel il s’est lancé le 6 novembre dernier pour battre le record du tour du monde à la voile en solitaire qui est de 57 jours 13 h et 34 mn.
Après un passage de l’équateur en un temps express et record (5 jours 17 h), Sodebo Ultim’ cavale aujourd’hui dans le sud de l’Atlantique Sud et contourne l’anticyclone de Sainte-Hélène pour passer le cap de Bonne Espérance en fin de semaine.
Avec plus de 25 nœuds en vitesse moyenne depuis Ouessant, Thomas Coville affole les compteurs ! En dix jours, Sodebo Ultim’ a parcouru plus de 6 000 milles (plus de 11 110 kilomètres).
Depuis son départ, le skipper a tracé une ligne éblouissante et presque parfaite qui va d’Ouessant à la latitude de l’Argentine. Depuis qu’il a passé les îles du Cap-Vert, il a dû effectuer beaucoup de changements de voiles pour suivre le vent et continuer à filer à cette allure-là mais il n’a pas fait le moindre virement ou empannage. Depuis le 10 novembre, Sodebo Ultim’ avance bâbord amures et à toute allure !

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La trace parfaite de Sodebo depuis Brest… et en rouge celle de Francis Joyon sur Idec en 2008.

Entre sa position aujourd’hui et le cap de Bonne Espérance qui marque presque l’entrée dans l’océan Indien, Thomas Coville entre dans une zone particulièrement stratégique de ce tour du monde à la voile. Et le skipper n’a pas d’autre choix que celui de la négociation, une négociation de 48 heures.

A partir de demain matin, du jeudi 17 novembre au samedi 19, le skipper va devoir enchaîner les empannages pour se glisser dans un couloir étroit d’environ 80 milles de large (soit 148 km de large). Au nord de ce couloir, une cellule anticyclonique où les vents peuvent être variables et faibles, et au sud une zone de glaces que les routeurs de Thomas ont qualifiée de NoGo Zone (cette NoGoZone est située en dessous du 43° sud). Cette année, les satellites ont en effet repéré des champs de glaces exceptionnellement nord (45° sud).

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAVANT CETTE NEGOCIATION QUI VA EXIGER UN DEGRÉ DE CONCENTRATION ET DE VIGILANCE EXTREME DE SA PART, THOMAS NOUS A DECRIT CE MATIN SON QUOTIDIEN À BORD DE SODEBO ULTIM’

La carte postale du mercredi 16 novembre  
« Hier j’ai eu un lever de lune incroyable. C’était la quasi pleine-lune, elle était comme un ballon devant mon flotteur bord avec une symétrie parfaite. J’étais sur le filet et pendant quelques minutes j’ai profité de cet instant, le temps s’est arrêté.
Aujourd’hui, c’est ciel bleu, la mer est relativement plate. Depuis deux jours, j’avais une houle de face qui s’est heureusement atténuée. Je suis sous grand-voile haute. Ça déboule de nouveau à 28 nœuds alors que j’ai fait une petite nuit à 22-23 nœuds. Ça glisse bien, c’est super grisant. »

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La routine du matin
« J’essaie de prendre un petit-déjeuner au lever du jour. Il me reste quelques fruits frais à mettre dans les mueslis, je me fais un thé. Les jours précédents, je pouvais être en terrasse mais ça s’est nettement rafraîchi. Avant-hier c’était short et tee-shirt et après chaque manœuvre, j’étais en sueur.
La nuit dernière était bien fraîche. J’ai commencé à remettre le bonnet et le ciré. Depuis les Canaries, je n’avais pas besoin d’être très couvert, l’eau était chaude. Hier, c’était la vraie transition. A 40 degrés sud, c’est la rupture ! Aujourd’hui, je mets 5-10 mn à m’équiper mais bientôt ça va prendre plus de temps. »

Vitesses
« 27-28 nœuds, on s’y habitue vite, à l’image des personnes qui ont des grosses voitures. Quand il y a plus de mer, ça peut vite devenir impressionnant. Je n’accepte pas de descendre en dessous de 20 nœuds, 25 nœuds c’est acceptable. On fait des bonnes pointes de vitesse mais il faut faire attention au matériel et à ne pas se laisser trop prendre au jeu. Depuis le début, globalement on a du vent régulier. Pour aller à 28-30 nœuds, il faut un vent de 15-22 nœuds. C’est la réussite pour aller vite avec ces engins-là ! »

L’approche des glaces
« Toute à l’heure au radar, j’ai croisé un brise-glace. Ça donne le ton de ce qui se trouve au sud ! Hier également, j’ai eu une alerte radar d’un supertanker. Depuis le départ, on sait que les glaces sont assez nord. Il y a un énorme amas de glaces de plusieurs dizaines de kilomètres qui s’est disloqué et forme des growlers. C’est à la fois magique et angoissant. Tout l’enjeu, c’est la tenaille entre la zone de non-vent située au nord et provoquée par l’anticyclone de Sainte-Hélène et au sud la zone de glaces. Il faut que je me faufile dans ce couloir, ce qui va nécessiter de faire beaucoup de manœuvres et d’empannages, a priori toutes les heures et demie. Soit environ quarante empannages dans cette zone.
On ne va pas jouer au samouraï, je n’irai pas dans la zone de glace. Si l’anticyclone remonte un peu dans le nord, cela me permettra de me dégager plus vite. »

Etat d’esprit
« Une transat, c’est sept-huit jours, là je vais en faire encore huit d’affilée. C’est un peu l’ultra-trail. J’ai bien géré le matériel depuis le départ. Le joli temps de référence à l’équateur m’a mis en confiance. On va sûrement perdre un peu de temps avec Sainte-Hélène, mais ça s’équilibre avec tout de même une très bonne vitesse sur la trajectoire de Sodebo Ultim’. Je suis plutôt confiant pour la suite. »

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Publié par  François-Xavier de Crécy
Publié par François-Xavier de Crécy
journaliste à Voile Mag depuis 2003. Des régates en JOD 35, un tour de l’Atlantique en couple, et déjà une quinzaine d’années à courir d’essai en comparatif pour produire votre Voile Magazine mensuel ! A appris le métier sous la férule des Rubi et consort avant d’essayer de le transmettre à d’autres.
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