Régates et courses

Sébastien Audigane : « mon métier c’est de m’adapter »

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La Barcelona World Race s’élance aujourd’hui mercredi 31 août de Barcelone. Cette course autour du monde sans escale se dispute en double à bord des mêmes bateaux que ceux qui disputent le Vendée Globe. Huit bateaux sont au départ avec une présence française plus réduite que lors des deux premières éditions qui avaient été remportées par Jean-Pierre Dick (avec Damian Foxall puis avec Loïck Peyron). Pour ce drôle de réveillon, on ne compte que deux Français au départ : Jean Le Cam qui fait équipe avec Bernard Stamm à bord de Cheminées Poujoulat et Sébastien Audigane avec Jörg Riechers à bord de Renault Captur

Sur le papier, l’expérience du tandem franco-suisse pèse plus lourd que celle du binôme franco-allemand. Mais si Sébastien n’a pas encore eu l’occasion de prouver sa valeur sur un Vendée Globe, il présente malgré tout un CV très impressionnant, y compris autour du monde. Bref, c’est un vrai client à suivre sur ce parcours. Il a bien voulu répondre à nos questions à 24 heures du départ.

Barcelona World Race 2014/2015Ce départ, tu le sens comment ?
La situation est un peu délicate au départ, cela risque d’être mou puis le vent va rentrer par le nord et tourner au nord-est. Il faudra très vite faire un choix : faire route directe le long de la cote en essayant de jouer au plus fin dans la molle ou bien partir au large pour être les premiers à toucher le vent au risque de faire trop de route : on verra ça.

Votre bateau (ex–Votre nom autour du monde) n’est pas forcément le plus performant dans le petit temps ?
De ce que j’ai vu, le bateau va bien. Mon métier c’est de m’adapter mais j’ai déjà beaucoup navigué en Imoca donc je pense que nous saurons le faire marcher. D’après ce que je lis, nous ne sommes pas les favoris mais on veut bien être les outsiders. A priori la victoire se jouera entre quatre bateaux : Hugo Boss, Cheminées Poujoulat, Neutrogena et nous. Les autres participants sont de très bons marins comme les frères Garcia, mais ce ne sont pas des professionnels, ils ont très peu navigué sur leurs bateaux.

Renault Captur est l'ancien Votre nom autour du monde de Bertrand de Broc, ex- Brit Air à bord duquel Armel Le Cléac’h avait fini deuxième du Vendée en 2009.
Renault Captur est l’ancien Votre nom autour du monde de Bertrand de Broc, ex-Brit Air à bord duquel Armel Le Cléac’h avait fini deuxième du Vendée en 2009.

Parle-nous des favoris :
Il y a Jean Le Cam, c’est un sacré client, trois fois vainqueur du Figaro, deuxième du Vendée Globe. J’ai eu la chance de naviguer avec lui, pour ma génération, c’est une idole, une sacrée référence et quelqu’un qui sait faire marcher un bateau. Bernard aussi a une très grosse expérience, j’ai fait un Jules Verne avec lui sur Orange 2, à eux deux ils forment un duo impressionnant. Alex Thomson a aussi une grosse expérience, et sa réputation de brute qui tire trop sur ses bateaux est maintenant derrière lui, il a quand même fait troisième du dernier Vendée. Et Pepe Ribes qui l’accompagne est un peu l’équipier idéal avec l’expérience des mers du sud, Barcelona et Volvo, mais aussi celle de la régate au plus haut niveau. Un vrai bon marin. Enfin, l’équipage de Neutrogena réunit Guillermo Altadil, sans doute le marin espagnol le plus expérimenté autour du monde entre sa participation à The Race, au trophée Jules Verne et à de multiples Volvo Race, et Jose Munoz, un équipier très recherché. Bref, on va avoir du boulot.

Cette année, il y a des nouveautés dans le parcours, qu’en penses-tu ?
Il y a deux choses, d’abord le fait que l’on ne passe plus par le détroit de Cook entre les deux grandes îles de la Nouvelle-Zélande. Franchement c’est bien car il y a toujours un risque de passage à niveau, le paysage est joli mais c’est délicat à négocier. Et puis, quand on vise le Cap Horn, ce n’est pas vraiment sur la route ! L’autre nouveauté, c’est de faire une zone d’exclusion pour les glaces, plutôt que des portes à respecter : à priori ce n’est pas plus mal, il y avait parfois le risque de devoir affronter du mauvais temps pour respecter une porte et le mauvais temps, là-bas, c’est vite très méchant. Donc laisser à tribord une zone d’exclusion me semble raisonnable, c’est une bonne évolution que l’on retrouvera peut-être sur le Vendée.

BMW_SEB+JorgQuel tandem formes-tu avec Jörg ? Qui prend les grandes décisions ?
Le projet initial était de coacher Jörg dans l’optique de sa participation au Vendée. Mais pour moi aussi c’est super intéressant. J’ai également envie de participer au prochain Vendée et l’on va apprendre plein de chose sur ce tour du monde. C’est le meilleur des entrainements. A deux, on est plus forts, plus intelligents. Même si Jörg a moins d’expérience, notamment au large et dans le grand sud, on forme une vraie équipe. Et les décisions on les prend ensemble mais ce n’est pas difficile car on est très souvent d’accord.

Tu pars avec quels atouts pour décrocher un budget pour le Vendée ?
J’aime naviguer sur tous supports, tout m’intéresse. J’ai commencé par le haut niveau en dériveur (une préparation olympique en Laser pour Atlanta) et je continue à naviguer dans plein de séries différentes, j’ai fait le navigateur sur le Tour de France à la Voile (ndlr : une victoire à l’appui), je régate souvent en Dragon mais aussi sur des gros bateaux (ndlr : Jules Verne à bord d’Orange 2, record de l’Atlantique nord à bord de Banque Populaire V, Route de l’or sur Maserati…). Ma vie, c’est la mer. Et changer de support t’enrichit. J’ai régaté sur un 15 m JI, Mariska. Eh bien, ça va moins vite que des bateaux modernes mais ça apporte énormément de sensations et il faut développer un vrai sens marin pour courir là-dessus, c’était super intéressant. Pour être au départ du Vendée en 2016, l’idéal serait de pouvoir lancer la construction d’un bateau cet hiver. Il faudrait que je sois fixé en rentrant de la Barcelona. Sinon, il reste encore de bons bateaux sur le marché. On fait le point à mon retour ?

Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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