Régates et courses

M100 : François Gabart va naviguer couvert

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MACIF COURSE AU LARGE

Un (petit) coin du voile a été levé sur le futur Macif, le trimaran qu’on n’ose plus appeler géant (30 m tout de même) destiné à être mené en solo par François Gabart, ci-devant vainqueur en titre du Vendée Globe et de la Route du Rhum. L’armateur nous a convié sur les lieux de fabrication du bateau, d’abord chez Multiplast, qui construit la coque centrale, puis chez CDK où sont fabriqués les flotteurs et les bras. Une visite très instructive même si nous étions priés de ranger les appareils photos et même d’éviter de jouer avec nos téléphones dans certaines enceintes…

M100_1522Ces restrictions ne concernaient pas forcément les éléments du M100 (nom de code du trimaran) mais des pièces majeures de 60 pieds IMOCA destinés au prochain Vendée Globe : Un Gitana et un Galettes Saint-Michel sont en gestation chez Multiplast alors que les nouveaux Banque Populaire et Safran sont bien avancés chez CDK. Le M100, dont la longueur est proche de celle de Groupama 3 (devenu Banque Populaire VII) sera beaucoup plus léger que ses devanciers. Car sa puissance (exprimée en tonnes-mètres) sera « limitée » à 145. A comparer avec les 175 du double vainqueur de la Route du Rhum (ou avec la puissance de 220 tonnes-mètres de Spindrift 2). Pour gagner en poids, le bateau présente des coques plus fines, donc avec moins de surface développée. A titre de comparaison, la surface de bordé et de pont de la coque du M100 est de 225 m2 contre 300 m2 pour Groupama 3 qui n’était que 1,50 m plus long.

Ce que l’on savait : Macif travaille toujours avec Banque Populaire et Sodebo au sein du collectif Ultime pour mettre sur pied une course autour du monde en solitaire qui aurait lieu à l’hiver 2017-2018. Soit une petite année avant la prochaine Route du Rhum. Ces deux courses représentant les échéances majeures du calendrier à venir.

M100_1533Ce que l’on a appris : Le M100 ne volera pas, mais pourra voler. L’idée n’est pas de sortir les trois coques de l’eau, un exercice jugé trop pointu pour un solitaire sur une longue distance, a fortiori sur un tour du monde. Mais le M100 devrait naviguer sur une seule coque, pas le flotteur sous le vent mais la coque centrale. Le bateau sera équipé de foils, pour soulager le flotteur sous le vent jusqu’à le faire décoller. D’autant que les safrans seront munis d’ailettes horizontales pour gérer l’assiette : en modifiant l’angle du safran, on donnera plus ou moins de portance à ces ailettes. Sur la forme des foils, rien n’est définitivement arrêté mais l’équipe s’est amusée à essayer différents profils sur son Diam 24. Et reconnaît s’orienter vers un « tick ». La photo est parlante. Au fait, puisque le flotteur sous le vent sera souvent au-dessus de l’eau, il a fallu augmenter le dièdre des bras pour que le flotteur au vent (en son foil) ne soit pas au contact de l’eau. En fait, le M100 pourra voler, pour reprendre l’aveu de l’architecte (Vincent Lauriot-Prévost) : « Une fois que le flotteur a décollé, il suffit de border pour sortir la coque centrale de l’eau ». On imagine déjà des images impressionnantes en baie de Port-la-Forêt.

Le cockpit du M100 sera fermé. Ou en tout cas entièrement couvert par un hard-top ou bimini rigide. Avec de grands vitrages pour observer les voiles mais quand même, on naviguera à l’abri du vent, du froid et des embruns, ce sera une première. D’ailleurs, l’équipe de Mer Concept envisage de fermer aussi le cockpit latéralement pour naviguer autour du monde : une garantie de sécurité en cas de retournement : on risque moins de passer à la mer.

François Gabart dormira à l’arrière du trimaran. Tous les winches sont regroupés sur l’avant du cockpit. A l’arrière, une cabine (baptisée cabane) abritera la table à cartes et deux banquettes-couchages ainsi qu’un accès à la coque centrale. Cette disposition inédite devrait rendre les manœuvres plus faciles mais n’améliorera pas le confort du solitaire qui dormira à la hauteur du pont et loin du centre de rotation du bateau.

Ce que l’on ne sait pas encore : Le choix de la ville de départ de la course autour du monde en solo, comme celui des organisateurs, n’est pas encore arrêté. Peut-être certaines annonces seront-elles faites au moment du Salon nautique. On espère aussi que d’autres candidats pourront se déclarer même s’il ne faut pas trop tarder. La conception et la construction de Macif s’étalent sur 18 mois et il faudra ensuite prendre la mesure de l’engin.
La largeur exacte du bateau, elle non plus n’est pas encore précisément déterminée. Cela ne se jouera peut-être qu’à une ou deux dizaines de centimètres mais au vu du poids des différents éléments construits, le bateau pourrait être finalement un peu plus léger que l’objectif prévu. Et dans ce cas, architecte et constructeurs se réservent la possibilité de greffer les flotteurs un peu plus loin sur les bras pour atteindre l’objectif de 145 tonnes-mètres.

Long. : 30 m. Largeur : 21 m. TE : 4,50 m. Dépl. : 14 500 kg. SV au près : 430 m2. SV au portant: 650 m2. Mat. : sandwich carbone. Arch. : VPLP. Const. : CDK. Budget : 5 M € par an sur cinq ans. Image Mer Forte
Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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