En passant

Pappy Boyington fait du belly-boat

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Cette image de deux garçons mettant un dériveur à l’eau depuis une plage quelconque peut sembler anodine. Sauf que le bateau n’est pas commun du tout et que les garçons en question sont tout sauf en vacances. Nous sommes dans le Pacifique, au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale et les jeunes gens en maillot de bain sont des membres de la 7e Air Force, après la conquête des îles Mariannes en 1944. La prise de ce groupe d’îles aux Japonais devait s’avérer décisive dans le conflit puisque le Japon se trouve alors à portée de vol des bombardiers américains. Et les bateaux dans tout ça ? Justement, on y vient…

Papy Boyington04Les coques de ces drôles de bateaux surnommés « belly-boat » ne sont rien d’autre que des réservoirs de carburant, ceux-là même que l’on accroche sous les ailes des avions pour leur donner l’autonomie nécessaire pour aller survoler l’empire du Soleil Levant. Ces réservoirs en forme de torpille présentent une carène avec des entrées et sorties d’eau fines et une surface mouillée minimum : c’est bon pour la performance. En revanche côté stabilité, les sections rondes ne valent pas grand-chose. Mais comme nous sommes dans le Pacifique, les soldats n’ont pas dû manquer de voir des pirogues à balancier dans toutes les îles par où ils sont passés. Il vont faire de même. Une cornière qui traverse le réservoir de part en part, un bidon fixé à chaque extrémité, un safran à l’arrière et voilà un trimaran prêt à naviguer ! Bien sûr, il faut aussi ajouter un mât et des voiles, mais il semble que nos mécanos avaient de la ressource. Ces images incroyables ont été extraites des archives de l’Armée de l’air américaine par nos confrères du Fana de l’aviation, la référence des passionnés d’histoire aérienne. Ce sont eux qui nous ont expliqué que ces réservoirs supplémentaires s’accrochaient sous les ailes des chasseurs P-51 « Mustang » escortant les fameux bombardiers B-29 qui multipliaient les raids sur le Japon. Les moins férus d’histoire se souviennent sans doute de la série américaine « Les têtes brûlées » décrivant le quotidien d’une escadrille américaine sur une île du Pacifique et mettant en scène un certain « Pappy Boyington » (joué par Robert Conrad) qui a vraiment existé. On ne sait pas si ce personnage historique a eu l’occasion d’essayer ces « belly-boats » mais on veut bien croire que des trompe-la-mort de son acabit aient pu se risquer sur des embarcations pareilles. On aime particulièrement, sur la photo ci-dessus, le système de tire-veille commandé par un volant pour actionner le safran.

Un modèle plus évolué, avec deux bras, permettant de supporter des flotteurs plus longs. Remarquez également le bout-dehors pour amurer un grand foc. On dirait qu'il ne manque plus qu'une dérive !Un modèle plus évolué, avec deux bras, permettant de supporter des flotteurs plus longs. Remarquez également le bout-dehors pour amurer un grand foc. On dirait qu’il ne manque plus qu’une dérive ! Toutes les images proviennent des archives de l’US Air Force.

Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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