En passant

A qui la quille ?

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Certaines photos font mal. Ici on a de la peine pour le bateau que cette quille équipait et que l’on imagine dans le même piteux état malgré un passé peut-être glorieux. Mais à quel bateau appartient cette quille ?

Akilaquille_0822Ce qui saute aux yeux, c’est que nous sommes en présence d’une quille à ailettes. Du coup, il est difficile de ne pas songer à la prestigieuse Coupe de l’America et à la victoire du challenger Australia II à Newport en 1983. Son arme fatale, c’était justement sa quille à ailettes autour de laquelle le mystère avait été soigneusement entretenu et qui ne fut dévoilée qu’une fois la bataille gagnée. La quille photographiée ici n’a pas connu le même succès. Et elle est même un peu plus récente que celle du challenger australien victorieux. Il faut dire qu’à la suite de la victoire des Australiens, les ailettes ont fleuri à la base de toutes les quilles des 12 m JI et même bien au-delà. Les ailettes représentaient alors une solution idéale pour les versions petit tirant d’eau des bateaux de série car elles permettaient de descendre le poids du lest au maximum et de faire croire en prime qu’il s’agissait d’un facteur de performance au près, domaine ou les quilles peu profondes sont toujours à la peine, ailettes ou pas.
Akilaquille_0786Ici, il s’agissait vraiment d’un bateau de près, puisque cette quille est bien celle d’un 12 m JI, il suffit de voir son étrave acérée pour s’en rendre compte. Et en prenant du recul, on réalise que cette coque ne nous est pas inconnue : elle a participé aux éliminatoires de la Coupe de l’America de 1987 qui se déroulaient à Perth, en Australie. La dernière qui se soit disputée à bord de 12 m JI. La victoire australienne avait pour ainsi dire ouvert le jeu et l’on comptait alors 13 challengers ! Parmi eux, deux bateaux français. French Kiss, mené par Marc Pajot, est allé jusqu’en demi-finales. Challenge France, barré par Yves Pajot, et très à la peine sur le plan économique, aura eu moins de bonheur sur le plan sportif. Le bateau a depuis bien perdu de sa superbe. Et pas seulement en raison de la présence des balcons et des filières qui alourdissent sa ligne, témoignages d’une probable exploitation commerciale après sa carrière sportive. On devine au voile de poussière qui le recouvre l’oubli dont il fait l’objet et l’on imagine des rêves de restauration noyés dans des océans de regrets. A moins que… à moins que Challenge France n’échappe à la case recyclage par la volonté d’un amoureux fortuné : qui écrira la suite de l’histoire ?

Les bateaux se cachent pour mourir : ici c'est un Challenge France bien fatigué qui risque de sédimenter au fond d'un hangar des bords de Loire.Les bateaux se cachent pour mourir : ici c’est un Challenge France bien fatigué qui risque de sédimenter au fond d’un hangar des bords de Loire.

Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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