En passant Les chantiers

Au secours, un trimaran volant !

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JessicaR_0570Voilà une image qui ne devrait bientôt plus nous surprendre : un vérin hydraulique pour contrôler l’angulation d’un foil. Nous sommes clairement à bord d’un multicoque et la dérive courbe qui sort du puits comporte forcément, en navigation, une partie immergée qui génère de la portance. En basculant la dérive d’avant en arrière dans le haut du puits, on règle l’assiette du bateau en fonction de la vitesse et de l’état de la mer. Ce réglage existe par exemple sur le Flying Phantom mais sur ce cata volant on se contente d’une vis sans fin actionnée par un bout en continu. A l’origine, il n’y avait pas de vérin non plus sur ce trimaran de 40 pieds que nous avons croisé… ni dans la baie de San Francisco, ni sur le lac de Genève ou dans la rade de Lorient… non, ce drôle de bateau high-tech navigue en France, mais aux antipodes, dans les eaux de ce lagon immense qui baigne la Nouvelle-Calédonie…

JessicaR_0566JessicaR_0567Le canote a vraiment de la gueule, même au ponton, et ses étraves très inversées, ses flotteurs marqués par des redans nerveux interpellent déjà. De plus près on remarque aussitôt les foils à poste sur les flotteurs et pour peu que l’on jette un œil aux safrans (déportés sur les flotteurs) on se dit que l’engin est équipé pour voler ou tout comme. L’architecte de ce bijou est un certain Martin Fisher, grand spécialiste des multicoques et des foils qui a notamment travaillé sur le Groupama C et sur le Flying Phantom. Il nous explique la naissance de Jessica Rabbit :

« Avec Benoit Cabaret j’ai dessiné le bateau en 2008-2009. Benoit était en charge de la structure et de tous les plans de construction et moi j’étais en charge du concept général et de toutes les formes du bateau (coques, appendices, surface vélique…). La mise à l’eau du bateau a eu lieu début 2012. »

JessicaR_0573Le cahier des charges de l’armateur était de faire un trimaran de 40 pieds de course avec quand même un peu de confort à l’intérieur et au moins quatre couchettes. Le bateau doit être capable de faire des traversées entre la Nouvelle-Calédonie et l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, donc des traversées d’environ un millier de milles. Il ne s’agit donc pas d’un bateau spécifiquement conçu pour le lagon. Le bateau est capable de faire 17 à 18 nœuds au près, et au reaching il dépasse régulièrement les 30 nœuds avec une vitesse maximale (pour l’instant) de 35,3 nœuds.
Les foils ont la forme d’un « S » très modéré, et ils ne sont pas dessinés pour faire voler le bateau complètement. Contrairement aux anciens ORMA 60, le bateau est équipé avec des safrans en « T » qui stabilisent l’assiette du bateau. Nous avons aussi fait des tests avec des safrans classiques, mais avec les safrans en T le bateau est beaucoup plus stable et sûr et il va au reaching et au portant environ 3 à 5 nœuds plus vite !

Pour se faire une idée de l’ambiance à bord en navigation, cette petite vidéo prise lors de l’une des premières sorties avec un peu de vent : ça décoiffe !

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Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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