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Tout le monde chante avec Aymeric

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Arrivée Aymeric Belloir 810 tout le monde chante contre le cancer vainqueur en séries

Mini Transat 2013Yes, il l’a fait, il a gagné et très largement cette Mini-Transat en bateau de série puisque Aymeric Belloir avait quelque 260 milles d’avance sur son plus proche adversaire, la talentueuse Justine Mettraux, lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre. Aymeric n’est pas un inconnu pour les lecteurs de ce blog, ni pour ceux de Voile Magazine puisque nous en avions fait notre favori sur cette épreuve. Mais sa large victoire, sa présence parmi les premiers protos (il termine 6e au scratch) donne une impression de facilité insolente. Bien sûr, cette impression est fausse, mais ce qui ne l’est pas, c’est son bonheur à être en mer, son plaisir à naviguer. D’ailleurs, il ne s’en cache pas, sa grande expérience (il boucle là sa neuvième transat) aura été l’un de ses principaux atouts. Récit quelques minutes après son arrivée…

Tu te sens comment ?

je me sens très très bien, je suis sur un petit nuage il y a eu un très beau comité d’accueil et puis physiquement je me sens vraiment bien, j’étais sur un bon rythme je n’ai jamais trop tiré sur la machine. Je me sens physiquement très alerte.

Tu es content de ta gestion de la course ?

C’était ce que je souhaitais, faire une course assez propre, assez lisse. Même si  on s’aperçoit qu’on a tiré sur les machines,  j’ai tenu à dormir quatre heures par nuit au moins jusqu’au Canaries, Ma stratégie était d’arriver aux Canaries avec l’esprit clair pour savoir ce que je faisais.

Mini Transat 2013Tu as été capable de lever le pied?

Oui bien sûr, dès la première nuit on a eu des conditions difficiles avec des risées à 40-45 nœuds. On a tendance à jouer au début mais ce n’est pas la peine de risquer l’intégrité physique du bateau ni celle du bonhomme. On entend sur la VHF des gars qui lèvent le pied, on observe sur l’AIS la vitesse de ses concurrents et à ce moment cela m’a paru clair qu’il fallait ralentir même s’il ne faut pas trop freiner non plus et qu’il est important de remettre les gaz dès que c’est possible.

Tu as eu de la casse ?

Dès les premières nuits en fait. Le rail de hale-bas s’est arraché, il s’est cassé en partie la première nuit et la deuxième nuit j’ai eu un chandelier qui supporte l’outrigger qui s’est plié. Il a fallu trouver une solution qui est venue de la première casse : j’ai réparé la jambe de force du chandelier avec le morceau du rail de hale-bas !

Quand on voit les images on a l’impression que tu attaques dans les premières heures…

Au départ on met tout dessus et on tient la toile le plus longtemps possible mais on sait que le vent va monter donc on garde le spi le plus longtemps possible pour voir ce que ça donne mais on profite de la première accalmie pour affaler sans faire de dégâts. Nous sommes allés vite aussi car nous avons eu de la lune jusqu’au Canaries et ça change tout pour naviguer sous spi quand on voit les vagues. En tout cas, ce n’est pas la casse qui m’a incité à lever le pied puisque j’ai cassé à un moment ou je préparais précisément un affalage. Je voulais passer sous gennak pour naviguer plus sereinement et un empannage intempestif a entraîné la rupture de mon rail.

Tu avais conscience que tu avais creusé un bel écart ?

Je ne savais pas vraiment car je ne connaissais pas la position des autres, j’avais du mal à revoir les infos de classement, j’en ai peut être reçu quatre correctement sur toute la transat. Je crois que le truc, c’est que j’ai fait un bon passage des Canaries, en évitant les dévents et puis je n’ai pas hésité à remettre du charbon. J’avais un objectif à moyen terme, sur le milieu de l’Atlantique et cette stratégie claire m’a servie. Jusqu’à la fin j’ai eu du mal à réaliser que j’avais creusé un tel écart. Mais il faut relativiser, il y a eu aussi une prime au premier qui avait des meilleures conditions que ses poursuivants.

Tu es surpris de terminer au milieu des protos ? (6e au scratch)

Dans mes rêves j’imaginais des choses encore plus folles que ça, mais oui je suis à la fois content et fier. Je pense que la vraie performance elle est là : j’ai « assassiné » la concurrence et je termine à la sixième place de la Mini avec mon bateau en polyester et ma quille fixe. Sur la première partie du parcours, je ne suis pas trop surpris, on sait que quand les conditions sont dures, les écarts avec les protos ne sont pas énormes. Après les Canaries, j’imagine que j’ai du avoir un choix de trajectoire meilleur que certains sur le premier tiers du parcours. J’ai vu à plus long terme que certains protos.

Le fait de faire la Mini en une seule étape, ça te faisait peur ?

Non, en fait c’était une source de motivation. Je rêvais de traverser depuis le continent européen jusqu’aux îles en solitaire sans m’arrêter. Les jours précédant le départ étaient difficiles, il a fallu faire un convoyage délicat depuis Gijon, mais moi, le fait que ce soit une maxi-transat m’excitait plutôt.

Mini Transat 2013Ton bateau s’appelle Tout le monde chante contre le cancer, ça veut dire que tu n’a pas de sponsor ?

Oui, c’est un peu pour cela qu’on a mis l’association en avant. Nous avons dû faire cette transat avec des bouts de ficelle et nous avons décidé de faire du bateau une vitrine et aujourd’hui nous avons un super résultat qui permet de parler de Tout le monde chante… et ça c’est vraiment bien. Cette association donne de l’énergie et de la motivation à tout le monde et je suis très content d’en être un porte-drapeau. Pour toutes les familles qui en font partie et qui connaissent des histoires qui peuvent bien ou mal se terminer, la volonté et l’espoir sont toujours au maximum et c’est une grande source de satisfaction d’avoir couru pour eux.

Dès les premières de courses, Aymeric a fait parler la poudre à bord de Tout le monde chante contre le cancer. Une entrée en matière musclée qui a bien failli lui couter cher…
Dès les premières heures  de courses, Aymeric a fait parler la poudre à bord de Tout le monde chante contre le cancer. Une entrée en matière musclée qui a bien failli lui coûter cher… Photos de Jacques Vapillon
Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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