Régates et courses

Autour du monde, en solitaire, sur trois coques

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Ultim- Pierre PicardLa voici la voilà, la fameuse course en solitaire autour du monde et en multicoque que l’on annonce depuis longtemps. Et c’est pour 2017. Cette fois-ci ce n’est pas une ville ni un organisateur de course qui se jette à l’eau, mais un collectif d’armateurs. Autrement dit l’association de trois sponsors tous impliqués depuis longtemps dans le monde de la voile qui décident de piloter directement leurs courses, après tout, on n’est jamais si bien servi que par soi-même…

Il faut avouer que de mettre sur une même ligne de départ Thomas Coville, François Gabart et Armel Le Cleac’h à bord de leur trimaran géant, ça a de la gueule (sur le sujet, voir aussi ce billet). On peut même espérer que d’autres viendront les rejoindre. Sur un tour du monde on pense forcement à Francis Joyon, mais aussi pourquoi pas à Yann Guichard à bord de Spindrift. Sur des courses moins exigeantes, pourquoi ne pas voir Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne) ? Le départ de cette course autour du monde en solitaire et sans escale est fixé en 2017. Ça laisse le temps de voir venir, de s’organiser, de trouver un port de départ et d’arrivée, d’accueillir d’autres candidats…

L’idée de ce collectif, à écouter Patricia Bouchard (Sodebo), est né de l’initiative de François Gabart : « il nous a contacté en nous disant j’ai envie de partir sur ultime mais j’aimerais que vous puissiez échanger avec ma direction. Nous avions les mêmes envies, naviguer sur ces bateaux qui représentent le rêve, faire partager les aventures incroyables autour de ces bateaux. Nous avons contacté Banque Populaire également intéressé. Nous voulons construire notre avenir, on ne veut pas subir on veut agir. Un moment on décide de ce qu’on a envie de faire et donc on se prend en main. L’idée de construire ensemble un vrai programme ambitieux mêlant sport et aventure. »

Jean-Bernard Le Boucher (Macif) précise le programme : « Nous devons définir un programme qui démarre en 2015, un championnat sur quatre ans avec en point d’orgue une course en solitaire autour du monde. Le reste du programme reste à détailler. Ceux qui adhèrent au collectif acceptent de participer au moins à une course par an. »

Reste que ces bateaux ont d’abord été imaginés et construits pour partir à la chasse au record. Un objectif qui reste important pour les sponsors. Thierry Bouvard (Banque Populaire) : « L’impulsion nouvelle c’est d’avoir une course par an mais nous considérons que ces bateaux doivent pouvoir continuer à faire ces records. La compétition excite tout le monde, mêler l’esprit de compétition et la chasse au records crée la légende des ultimes. Il faut faire coexister ces deux systèmes ensemble. »

Les trois sponsors réunis pour lancer ce championnat de maxi multicoques menés en solitaire ou en double ont de sérieux arguments à faire valoir pour crédibiliser leur projet. A commencer par trois bateaux (dont un en construction) et autant de skippers aptes à relever ce type de défi. Ils entendent bien mettre en place des moyens de communication importants pour toucher un large public à terre et cela passe par des prises de vues commandées depuis la terre. Quant aux risques qu’il y aurait à lancer des solitaires les uns contre les autres sur des machines extrêmes, nos armateurs estiment qu’ils sont moins importants que sur des tentatives de records en solo. Notamment en raison de la possibilité d’imposer un parcours qui limiterait la probabilité de rencontrer des glaces.

C’est sans doute le bon moment. Reste que c’est aussi un tournant dans le monde de la course au large puisque les coureurs ne seraient pas aux commandes de cette classe (à la différence de l’Imoca, de la Class 40 ou des Mini-Transat) et que l’essentiel des pouvoirs de décision serait dans les mains des seuls sponsors. L’avenir nous dira s’il vaut mieux accompagner les dérives vers le sport spectacle plutôt que de seulement les subir. L’autre question qui vient à l’esprit est celle du caractère franco-français de cette initiative. A l’heure où toutes les classes s’efforcent d’internationaliser leur programme et cherchent à accueillir des skippers et des sponsors de toutes nationalités, ce « collectif Ultim » comme il se baptise ne prétend pas à une vocation universelle. Même s’il espère que d’autres seront séduits par le programme à venir. C’est le paradoxe d’un monde globalisé dans lequel le solitaire reste – et sans doute pour longtemps – une spécialité française !

Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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