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Thibaut Vauchel-Camus : <br />« Le Class 40, c’est un bateau qui reste ludique »

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Thibault Vauchel-Camus, à droite, et Victorien Erussard, à gauche, les deux coskippers du Class 40 Solidaires En Peloton.
Victorien Erussard, à gauche, et Thibault Vauchel-Camus, à droite, les deux coskippers.

Cette fois, ils sont bien partis ! Tous ensemble ouais… Les 44 concurrents de la Transat Jacques Vabre (26 Class 40, 10 monocoques 60 pieds IMOCA, 6 trimarans Multi 50 et 2 MOD70) ont quitté le bassin Paul Vatine ce mercredi matin, et ils doivent s’élancer dans une heure (à 13h00). Non sans que le « prof » (Michel Desjoyeaux) ait fait hier une déclaration fracassante aux micros de nos confrères.

Enfin, ils sont partis tous ensemble… ou presque, un « pit-stop » à Roscoff (port de Bloscon), avec neutralisation de la course [1], étant désormais imposé pour les seuls Class 40, lesquels risquaient de devoir affronter un fort coup de vent dans le golfe de Gascogne (alors que les bateaux des autres classes, plus rapides, seront déjà passés). C’est justement un équipage de Class 40 qui répondait à nos questions le week-end dernier au Havre.

L’un et l’autre sont de grands spécialistes du multicoque – du trimaran océanique (Victorien a été le skipper du Multi 50 Laiterie de Saint-Malo pendant quatre ans) mais aussi du petit cata de sport (Thibault en particulier est l’un de nos meilleurs spécialistes du Formule 18, avec de multiples titres de champion de France à son actif). Pourtant, au départ de la Transat Jacques Vabre, on les retrouve sur un monocoque, et même pas avec une quille basculante… Une sorte de paradoxe ? En tout cas, il faudra compter avec eux parce que ces deux-là n’ont pas l’air d’avoir tellement froid aux yeux et qu’ils courent sur un Plan Farr de 2011 (Solidaires en peloton, connu auparavant sous le nom de Roaring Forty 2) qui doit pouvoir tenir la cadence.



Mon Voile Mag : Qu’est-ce qui vous amenés au Class 40 alors qu’auparavant vous aviez surtout couru en multicoque ?

Thibault Vauchel-Camus :

« Ce qu’on y gagne par rapport aux autres classes et par exemple par rapport aux Multi 50, c’est la concurrence. Parce qu’on est aussi des régatiers, alors c’est bien d’aller vite, mais si tu vas vite tout seul, au bout d’un moment c’est ennuyeux. Là, dans notre catégorie, on a au moins dix bateaux qui peuvent jouer le podium, on ne voit quand même pas ça très souvent. On cherchait aussi un support cohérent et accessible, avec un bon rapport qualité/prix. On se dit que c’est un bon ticket d’entrée pour la course au large. Et puis le Class 40 c’est un bateau qui reste ludique ; pendant le convoyage on a quand même flirté avec les 20 nœuds et même fait une pointe à 24 nœuds… » [2]



Mon Voile Mag : Y a-t-il une répartition des rôles à bord ?

Victorien Erussard :

« Ah oui, Thibault c’est le surfeur de service, c’est lui qui fait toutes les missions casse-cou du style aller à l’avant, grimper dans le mât, plonger sous le bateau. Par contre, quand il s’agit de météo et de stratégie, on est tous les deux dessus, il n’y a pas de partage des tâches bien défini. »

Thibault (au premier plan) est paraît-il le préposé aux acrobaties diverses, mais la stratégie météo se fait à deux.
Thibault (premier plan) est le préposé aux acrobaties diverses, mais la stratégie se fait à deux.



Mon Voile Mag : Quels sont les passages les plus délicats sur le parcours ?

Thibault Vauchel-Camus :

« Il y aura forcément un petit écrémage « mécanique », disons, sur le golfe de Gascogne, mais après, pour ceux qui resteront dans le rythme, il est possible que rien ne soit joué à 200 milles de l’arrivée. Sur les côtes brésiliennes on devrait arriver dans une zone anticyclonique, avec un système de dépressions orageuses. Il ne devrait donc pas y avoir trop de train-train jusqu’au bout, comme ça pouvait être le cas pour aller à Salvador de Bahia, où ils arrivaient sur un long bord de reaching en bâbord et puis c’était quasiment fini. »



Mon Voile Mag : Comme vous les connaissez bien, auriez-vous un pronostic
pour les Multi 50 ?

Victorien Erussard :

« Honnêtement, c’est très difficile entre les quatre favoris – Actual, FenêtréA Cardinal, Maître Jacques et Arkema – Région Aquitaine. On ne peut même pas donner de pronostic ! »



Mon Voile Mag : Et pour les Class 40 ?

Thibault Vauchel-Camus :

« On pense peut-être d’abord à GDF SUEZ [plan Manuard mené par Sébastien Rogues et Fabien Delahaye], mais il y a aussi tous les nouveaux bateaux, avec par exemple celui d’Alex Pella [Tales Santander 2014, plan Botin, de 2013 lui aussi]. Mais il faut surveiller aussi les vieux briscards comme Yannick Bestaven [avec Aurélien Ducroz, sur un plan Verdier un peu plus ancien], ou Halvard Mabire [avec Miranda Merron sur leur Pogo 40S2 Campagne de France], ou Bruno Jourdren et Thomas Ruyant [sur Dunkerque – Planète Enfants, plan Verdier lancé en 2012], qui se connaissent bien. Damien Seguin et Yoann Richomme [plan Lombard ERDF – Des pieds et des mains, voir ce billet] sont aussi de très bons clients.


[1] Le principe : on prend les temps sur la ligne d’arrivée devant Roscoff, et les bateaux repartent dans le même ordre, avec des départs décalés en fonction de ce chrono. Quand ? Sans doute 24 heures plus tard environ. A noter que toute assistance technique est interdite pendant cette neutralisation.

[2] Pour se faire une idée du côté ludique de la chose, on peut jeter un œil par exemple sur cette banque d’images réalisée par Jean-Marie Liot pour SNCF – Geodis, le bateau de Fabrice Amedeo et Armel Tripon.

Publié par Sébastien Mainguet
Sébastien a œuvré à Voile Magazine de 2000 à 2015, aux essais mais aussi très souvent aux sujets équipement dont il s’est fait le spécialiste. Il a notamment été longtemps la cheville ouvrière de notre hors-série annuel dédié à l’équipement.
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