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Deux coques et deux dingues en orbite !

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Yvan Bourgnon et Vincent Beauvarlet (presque) prêts pour l'aventureComprenons-nous bien. Bien sûr que non, Yvan Bourgnon et Vincent Beauvarlet ne sont pas dingues : ils ont derrière eux une grosse expérience et savent exactement ce qu’ils font. Mais convenez que partir pour un tour du monde sur un catamaran de 6,30 mètres non habitable n’est pas non plus un projet anodin. Surtout quand on prétend boucler cette grande boucle sans routage ni même GPS, avec pour toute aide à la navigation un sextant, un loch et la voûte étoilée…
A ce niveau-là, ça mérite le respect, et c’est donc avec un réel enthousiasme que nous sommes allés saluer Yvan et Vincent lors de la présentation de leur cata SMA-BTP à Paris.

Mon Voile Mag : Yvan, tu enchaînes les exploits en catamaran de sport avec différents binômes… Comment as-tu connu Vincent ?

Yvan Bourgnon : On se croise depuis longtemps sur les circuits des Formule 18, on a parfois navigué ensemble, souvent l’un contre l’autre. On avait parlé de faire un jour une transat ensemble sur un cata de sport. Après le tour du cap Horn (avec Sébastien Roubinet en 2012, ndlr), j’ai réalisé que le tour du monde dont je rêvais depuis longtemps était parfaitement possible. Alors j’ai rappelé Vincent et je lui ai proposé ça, plutôt que la transat…

Vincent Beauvarlet :Et j’ai quand même mis dix secondes à dire oui. Je pense toujours à une transat, mais ce sera pour plus tard, idéalement sur la Route du Rhum, incontournable pour un Guadeloupéen comme moi ! Ensuite j’ai travaillé sur la conception du bateau avec Yvan et l’équipe, j’ai obtenu un congé sabbatique de mon patron [il est pilote de ligne privé, ndlr], et c’est parti.

MVM : Le bateau, justement, qui l’a dessiné ?

Yvan B. : C’est un vrai travail d’équipe impliquant Vincent et moi, Sandrine Lescaudron ou encore Nicolas Groleau, le patron du chantier JPS qui a calculé la structure. Mais les calculs ne font pas tout. Par exemple, les bancs très volumineux sur les échelles sont assez atypiques, et ils vont subir des efforts très importants. J’ai tenu à surdimensionner les tubes en carbone de la structure porteuse. Ces bancs seront notre seul espace de vie, ils sont un peu la clé de ce voyage car il nous faudra durer et endurer. Si nous arrivons épuisés aux Antilles, c’est que le tour du monde sera bien mal engagé. Il y a d’autres clés bien sûr, comme la stratégie de gros temps – en fuite, cela a bien fonctionné au cap Horn – ou la gestion de la chaleur dans les régions équatoriales. La performance dans le petit temps sera importante aussi, car on peut manquer de vent dans ces zones et il ne faut pas que nous restions tankés au large pendant des semaines…

MVM : Vous naviguez en autonomie complète ?

Vincent B. : Tout à fait, nous avons un dessalinisateur manuel, pas de routage…

MVM : … Et pas de GPS ? Pourquoi cette volonté de naviguer en mode « astro » ?

Yvan B. : On avait envie d’une navigation pure. Quand on sait bien utiliser les étoiles, le sextant n’est même pas si important que cela et il est de toute façon difficile à mettre en œuvre sur un si petit bateau.

MVM : Pas de bateau suiveur ?

Yvan B. : Si, un X-562, mais utilisé uniquement comme plateforme médias, pour les photos et vidéos, en aucun cas comme support logistique en mer. D’ailleurs nous nous verrons surtout aux escales.

VM : Combien d’escales prévues ?

Vincent B. : Une vingtaine, mais le parcours n’est pas figé. En naviguant aux étoiles, on peut très bien rater une île, ou tout simplement s’adapter aux circonstances. On vit ça comme un voyage et une aventure, donc pas question de tout prévoir.

MVM : Yvan, après le tour du monde, quel sera ton prochain défi en cata de sport ?

Yvan B. : Après ça, je crois qu’on aura fait le tour, c’est le cas de le dire. Mon prochain projet sera sur un multicoque beaucoup plus grand, autour du monde encore mais en solo, sans escale et à l’envers… mais ce sera une tout autre histoire.

Départ le 5 octobre aux Sables d’Olonne, venez les encourager !

Publié par  François-Xavier de Crécy
Publié par François-Xavier de Crécy
journaliste à Voile Mag depuis 2003. Des régates en JOD 35, un tour de l’Atlantique en couple, et déjà une quinzaine d’années à courir d’essai en comparatif pour produire votre Voile Magazine mensuel ! A appris le métier sous la férule des Rubi et consort avant d’essayer de le transmettre à d’autres.
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