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50 bateaux pour la transat Jacques Vabre ?

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En 2011, JP Dick et Jérémie Beyou s'étaient imposés en 60 pieds. Tous deux seront encore au départ cette année, mais pas ensemble. Photo Y. Zedda/Virbac Paprec Sailing Team

Comme souvent, les plus nombreux seront les Class 40… Rappelons que cette épreuve en double sera pour eux LA transat de l’année, l’organisation ayant remporté un appel d’offres lancé par la classe. Rappelons aussi que la société organisatrice de la course est désormais Sirius Evénements et non plus Pen Duick. Une trentaine de monocoques de 40 pieds, dont environ un tiers d’étrangers, pourraient donc s’aligner au Havre le 3 novembre prochain. C’est du moins ce qu’annonçait Manfred Ramspacher, le directeur de Sirius Evénements, ce matin lors d’un point presse.

Dans les trois autres classes, on devrait compter une douzaine de monocoques IMOCA « voire plus », entre 7 et 9 Multi 50 dont la moitié de bateaux récents, et enfin – si possible – une demi-douzaine de MOD 70 – aux termes de l’avis de course (6.1.4), il en faudra de toute façon au moins cinq pour constituer une classe, or pour l’instant les organisateurs ne peuvent compter que sur quatre… mais ils ont bon espoir. En particulier du côté de Michel Desjoyeaux (qui cherche un budget mais qui en a déjà un pour faire la Solitaire du Figaro entretemps) et de Stève Ravussin (avec le numéro 1 de la classe, Race For Water). Les quatre MOD dont la participation est quasi-certaine sont Gitana XV (Sébastien Josse), Spindrift Racing (Yann Guichard), Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) et Virbac-Paprec 70 (Jean-Pierre Dick). Chez les IMOCA, François Gabart ou Tanguy de Lamotte seront de la partie, ainsi qu’un certain Nándor Fa, navigateur hongrois que l’on a vu il y a vingt ans sur le Vendée Globe et qui construit en ce moment son nouveau bateau. Quelques couples se sont déjà formés : Jérémie Beyou et Christopher Pratt sur le 60 pieds Maître Coq 2 (ex-Banque Populaire VI), Marc Guillemot et Pascal Bidégorry sur le 60 pieds Safran, ou encore Jörg Riechers et Pierre Brasseur, récents vainqueurs de la Normandy Channel Race, en Class 40 (sur un Mach 40), sans oublier les incontournables Halvard Mabire et Miranda Merron sur leur Pogo 40S2 Campagne de France, grands animateurs de la classe.

En lien étroit avec les coureurs, les organisateurs se sont beaucoup creusé la tête (ils évoquent une « recherche vraiment innovante », sans en dire davantage) pour imaginer des parcours différenciés, qui permettent de regrouper les arrivées des trois premiers de chaque classe sur une période n’excédant pas une dizaine de jours, et plutôt si possible une petite semaine. Pour les plus rapides il devrait donc y avoir pas mal d’îles et/ou de waypoints à virer, sachant que tous les bateaux partiront en principe le même jour. L’équation ne doit pas être simple, sachant que le parcours en orthodromie fait 5 392 milles et que les vitesses moyennes sont estimées à 18 nœuds pour les MOD, 15 nœuds pour les Multi 50, 13 nœuds pour les IMOCA et 8,5 nœuds pour les Class 40. Pour Sylvie Viant, la directrice de course, il n’est d’ailleurs pas exclu à ce stade que des marques de parcours puissent être déplacées pendant la course. Manfred Ramspacher ajoutait même : « Le plus rapide n’a pas forcément vocation à arriver le premier ». Le temps de parcours des Class 40 est estimé à environ 26 jours… En tout cas, ce sera un parcours inédit, souligne le directeur de Sirius Evénements :

« Beaucoup de concurrents, en Class 40 en particulier, ont couru la Mini et sont déjà allés à Bahia. Ils sont contents de retourner vers le Brésil, surtout en allant plus au sud ; cela fait une quatrième partie de course plus intéressante, car après les alizés de sud-est il y a encore une nouvelle phase de calmes ou de vent forts dépressionnaires ; tout n’est donc pas joué à la sortie du pot au noir. »

L’arrivée se fera en effet à Itajai (une ville qui avait accueilli la dernière Volvo Race et accueillera aussi la prochaine), à 1 000 milles au sud-ouest de Salvador de Bahia. Au départ du Havre, un parcours côtier plus consistant sera mis en place, avec une marque à virer du côté des falaises d’Etretat, qui seront « le cap Fréhel de la Jacques Vabre »… Mais puisqu’on évoque la Route du Rhum, pourquoi la transat en double a-t-elle refusé les maxi-multicoques alors que ceux-ci commençaient à se bousculer au portillon ?

« Ils vont encore beaucoup plus vite que les MOD 70, et ils risquaient d’écraser le reste. On veut faire en fonction des souhaits des coureurs et des associations de classe, or les maxi-multicoques ne constituent pas une classe [et c’est déjà rédhibitoire aux termes de l’avis de course, ndlr], contrairement aux MOD qui sont des monotypes. On tient à conserver une vraie cohérence sportive : la course, ce n’est pas seulement le show au départ, il faut qu’il y ait ensuite une vraie bagarre, et un intérêt sportif à la suivre. »

S’il avait fallu faire arriver les maxis en même temps que les autres, le problème aurait commencé à se corser sérieusement, à moins de leur demander d’aller virer le Spitzberg, Malte et les Kerguelen. Autrement dit, à côté de la Route du Rhum ou du Vendée Globe, la transat Jacques Vabre – qui fête cette année son vingtième anniversaire – assume son rang médiatique inférieur et prend même le parti d’en faire un atout sur le long terme : nous on est d’abord au service des coureurs, on veut fidéliser les classes, on veut donner la priorité à la rigueur sportive, en bref, on n’organise pas les jeux du cirque, tel était un peu le message subliminal délivré ce matin. Pas bête, si l’on songe que le fait de courir en double et non en solo est a priori un handicap d’un point de vue médiatique, et que de toute façon il n’y a pas forcément la place pour un troisième événement à grande audience. Et d’ailleurs, « un contrat est quasi-signé avec la Class 40 pour les trois prochaines éditions », ont glissé l’air de rien les organisateurs de la course.

Publié par Sébastien Mainguet
Sébastien a œuvré à Voile Magazine de 2000 à 2015, aux essais mais aussi très souvent aux sujets équipement dont il s’est fait le spécialiste. Il a notamment été longtemps la cheville ouvrière de notre hors-série annuel dédié à l’équipement.
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