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L'Enfant perdu et l'homme heureux

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Sous la grue, neuf ans de travail, de galères, de bobos, de ratés, d’angoisse, de je-recommence-tout, de qu’est-ce-qui-m’a-pris, neuf ans d’un travail de titan, d’un investissement total, et enfin, par un samedi venté de février, la mise à l’eau…

Un cortège d’amis frigorifiés suit le travelift cahotant sur le terre-plein du Havre comme on suivrait un enterrement, sauf que l’ambiance est plutôt celle d’une naissance, en attendant le baptême… Au centre du cortège, Faour Hachem. C’est son grand rêve, sa folie à lui qui est suspendue dans les sangles. Faour, nous vous le présentions en 2008 dans le Voile Mag n°148. C’est l’homme qui ne dort jamais, travaillant de nuit, et le jour construisant son bateau, un bateau littéralement extraordinaire dessiné par Patrick Balta sous le nom d’Enfant Perdu, en référence à un phare situé au large de Cayenne. Un 12 mètres aussi habitable qu’un 9 mètres, étroit, bas sur l’eau, léger et bien lesté d’un bulbe à 3 mètres de la flottaison, droit d’étrave mais précédé d’une delphinière élancée, et coiffé d’un gréement aurique. Drôle d’oiseau qu’on a hâte de voir voler au large des falaises du Pays de Caux et ailleurs… En attendant, Faour devra le gréer, bien sûr, mais surtout apprendre à naviguer. Lors de la mise à l’eau, il s’est initié au nœud de cabestan pour frapper les pare-battage sous la houlette du maître de port : c’est déjà ça. Il sait qu’il a beaucoup à apprendre et il sourit, Faour, malgré ses doigts glacés, heureux comme un gosse et tellement fier du travail accompli. Ce samedi-là, au Havre, le vent glacé mouillait les yeux, le soleil plissait les paupières, mais quelque chose faisait battre les cœurs et éclipsait tout le reste : le large sourire de Faour.

Publié par  François-Xavier de Crécy
Publié par François-Xavier de Crécy
journaliste à Voile Mag depuis 2003. Des régates en JOD 35, un tour de l’Atlantique en couple, et déjà une quinzaine d’années à courir d’essai en comparatif pour produire votre Voile Magazine mensuel ! A appris le métier sous la férule des Rubi et consort avant d’essayer de le transmettre à d’autres.
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