En passant

Ne ratez pas Mathurin Méheut au musée de la Marine

Partager :

Femmes de Saint-Cado
Femmes de Saint-Cado, gouache et crayon gras sur papier, 31 x 45 cm. Coll. musée Mathurin Méheut, Lamballe © Rousseau, Grand Angle, Lamballe © ADAGP, Paris, 2012

L’exposition qui s’ouvre aujourd’hui au musée de la Marine est un véritable évènement, une présentation exceptionnellement riche de l’œuvre du peintre qui fut aussi illustrateur, céramiste ou sculpteur…

Ramasseuses de sel à Guérande, 1928, huile sur toile, 138 x153 cm. Coll. musée d' Orsay, Paris © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski © ADAGP, Paris, 2012

Bien sûr, nous connaissons Mathurin Méheut (1882-1958), le peintre de la mer dont nous apprécions particulièrement les croquis de chaloupes sardinières saisies sur le vif à Douarnenez ou de ces ramasseurs de goémon ratissant les plages du côté de Roscoff. La Bretagne est à l’honneur chez ce natif de Lamballe mais pas de cartes postales aseptisées dans ses peintures, toujours une vision précise, puissante du travail des hommes et des femmes. Avouons-le, on se régale à plonger le regard dans ses toiles, à voir des bateaux en construction ici ou des barques hissées sur la grève là. Méheut avait de l’or dans les doigts et croquait avec un talent énorme des scènes qu’il utilisait ensuite dans ses compositions. La salle consacrée à ses œuvres maritimes, et qui ouvre l’exposition, justifie largement à elle seule le déplacement. Mais ce serait vraiment dommage d’en rester là. Car très vite, on découvre les multiples facettes de l’artiste, son travail très poussé sur les poissons et les crustacés, les motifs maritimes qu’il utilisait en décoration ou encore sa vision du Japon alors qu’il entreprenait un grand voyage autour du monde grâce à une bourse du mécène Albert Khan.

Pèlerins près du Torii (portique sacré) de Miyajima (1914). Dans L'Illustration, n° 4077, 23 avril 1921, p. 365, 1921. Coll. musée national de la Marine, Paris © musée national de la Marine/S. Dondain © ADAGP, Paris, 2012

L’expédition tournera court avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale : Mathurin Méheut est mobilisé et rentre plus tôt que prévu en France. Adjudant sur le front de l’Artois, il ne lâche pas son carnet de croquis et son témoignage de la vie dans les tranchées est particulièrement poignant. Ses talents seront d’ailleurs bientôt mis à profit pour effectuer des relevés des positions ennemies. Heureusement sorti indemne de la Der des ders, Mathurin Méheut continue à travailler avec un appétit sans limite et multiplie les illustrations de livres, les décorations de restaurants. Il réalise des services de table pour la célèbre faïencerie Henriot de Quimper, travaille ensuite avec la manufacture de Sèvres ou avec Villeroy et Boch.

Bon, j’arrête avant de vous parler du graveur et du sculpteur ou de son travail de décoration effectué pour des compagnies maritimes, à bord de paquebots comme de pétroliers. Vous aurez compris que le commissaire de l’exposition, Denis-Michel Boëll, n’a pas ménagé sa peine, que le nombre d’œuvres présentées est impressionnant, tout comme leur diversité. Bref, allez-y, vous ne le regretterez pas.

Mathurin Méheut
27 février-30 juin au musée national de la Marine, place du Trocadéro, 75116 PARIS
Ouvert tous les jours sauf le mardi et le 1er mai de 11 h à 18 h en semaine, fermeture à 19 h samedi et dimanche. Entrée plein tarif : 10 €.

Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
Voir les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *