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HMS Bounty : un drame et des questions gênantes

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Le drame du HMS Bounty, ou plutôt de sa réplique*, perdue le 30 octobre dernier au large du cap Hatteras (Caroline du Nord, USA) alors que sévissait l’insupportable Sandy, n’a pas fini de faire couler de l’encre. D’abord parce qu’au moins une personne a perdu la vie au cours de l’évacuation du navire, une équipière âgée de 42 ans, tandis que le capitaine, Robin Walbridge, est toujours porté disparu…

Ensuite et surtout parce qu’on se demande bien ce que le vieux gréement faisait là, alors que depuis une dizaine de jours on ne parlait que de « l’ouragan du siècle » qui remontait vers la Floride et la Côte Est américaine après avoir dévasté la Caraïbe… Pire, selon certains témoins, le Bounty était au port de New London (Connecticut), le 25 octobre. A cette date, Sandy frappait déjà la Floride. Si ces témoignages sont exacts, Robin Walbridge aurait donc pris la décision, avec seize personnes à bord, de quitter l’abri et de naviguer plein sud, c’est-à-dire tout droit à la rencontre de l’ouragan. Tandis que l’association Tall Ships America (fédération américaine des vieux gréements) se refuse à tout commentaire et juge décent d’attendre les conclusions de l’enquête, d’autres tirent déjà à boulets rouges sur le capitaine du Bounty. Le blog Sailing Anarchy, qui l’avait déjà mis en cause dès le lendemain du drame, en remet une couche aujourd’hui dans un article où le marin disparu est qualifié « d’idiot ». Indécent ? Sans doute. Mais Sailing Anarchy dévoile dans ce même article une interview assez accablante, réalisée au mois d’août dernier, dans laquelle le capitaine du Bounty révèle son goût pour le très gros temps, qu’il a souvent rencontré sur son trois-mâts. Il a même cette phrase terrible : « Nous chassons les ouragans, en essayant de nous rapprocher le plus possible de l’œil… » Boutade, second degré ? Difficile à dire en visionnant l’interview (vidéo ci-dessous, le sujet est évoqué à 10’47 »), mais ça fait quand même froid dans le dos quand on songe au scénario présumé du naufrage. Pour notre part, on va quand même attendre d’en savoir un peu plus sur la route suivie par le Bounty pendant la semaine précédant sa rencontre avec Sandy. Mais en toute logique, il semble impossible de se laisser surprendre par un événement aussi énorme que Sandy, peut-être le plus observé et le plus médiatisé de toute l’histoire de la météorologie.

*Il s’agissait de la première réplique, construite en Nouvelle-Ecosse en 1960 pour le film Les Révoltés du Bounty de Lewis Milestone, avec Marlon Brando et Trevor Howard. Une autre réplique a été construite en 1978 pour un autre film sur le sujet (avec Mel Gibson et Anthony Hopkins), elle se trouve dans un parc d’attraction à Hong-Kong.

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Publié par  François-Xavier de Crécy
Publié par François-Xavier de Crécy
journaliste à Voile Mag depuis 2003. Des régates en JOD 35, un tour de l’Atlantique en couple, et déjà une quinzaine d’années à courir d’essai en comparatif pour produire votre Voile Magazine mensuel ! A appris le métier sous la férule des Rubi et consort avant d’essayer de le transmettre à d’autres.
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