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Non, je veux pas descendre, je veux pas !!

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Avant, je me disais que ce type – Alain Thébault, ci-contre – était quand même un peu bizarre : toute une vie professionnelle consacrée à un seul projet, fût-il exaltant… Sans doute attachant (voir ici le portrait finement ciselé par Luc Le Vaillant), ce drôle d’animal était peut-être une sorte de monomaniaque, et puis, tant mieux pour lui – et pour nous. Et pis c’est tout.

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Mais ça, c’était avant. Avant que je monte à bord de L’Hydroptère, et que je n’en veuille plus descendre (vidéo HD ici, basse def ici si vous manquez de débit).

Et après ? Après je me dis qu’un Hydroptère maxi, ce serait quand même quelque chose… Il ne manque sans doute pas grand-chose à ce concept de foiler pour prendre définitivement son envol technologique.

D’abord, il manque des investissements (encore) plus massifs. Les « écréteurs d’effort » qui soutiennent les foils latéraux, et fonctionnent comme des amortisseurs, sont directement inspirés du train d’atterrissage d’un avion de chasse supersonique – le Mirage F1 (Jean Abribat, que vous pouvez apercevoir sur cette vidéo à 1’58, 2’01 et 2’04, est un ancien ingénieur de Dassault Aviation, qui était là dès les origines de L’Hydroptère et qui s’est occupé du système de mesures). A la base de l’empennage arrière, le système d’asservissement de la gouverne d’assiette à la centrale inertielle du bord et à divers autres capteurs (encore en phase de mise au point) est inspiré de celui équipant les SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) de DCNS… Mais ce n’est sans doute pas encore suffisant. Or bien sûr, tout cela a déjà un prix…

Ensuite, le maxi : un Hydroptère plus grand serait sans doute seul capable d’affronter sans coup férir les mers du Grand Sud, et de s’attaquer aux maxi-trimarans type Banque Populaire sur le trophée Jules Verne (record autour du monde). A ce stade, il manque encore le nerf de la guerre.

Des investissements plus conséquents permettraient enfin d’augmenter le rapport puissance/déplacement, afin que le « tapis volant » puisse prendre son envol dans les petits airs. Dans sa configuration actuelle, L’Hydroptère de 60 pieds (18,28 m de longueur de coque… et 24 m de largeur) a besoin d’au moins 10 nœuds de vent pour décoller ; c’est un peu trop pour négocier les « phases de transition », sachant qu’en mode archimédien, les performances ne sont pas au rendez-vous. A priori, ce n’est pas rédhibitoire pour le programme 2012-2014 : après le record Los Angeles-Honolulu en juillet 2012, il est en effet prévu de s’attaquer au record de distance sur 24 heures en 2013 (908 milles, 37,84 nœuds de moyenne, Banque Populaire V, 2009), puis au record de l’Atlantique nord en 2014 (3 jours et 15 heures, Banque Populaire V, 32,94 nœuds, 2009). Mais pour un tour du monde (ou même pour le Tour des îles britanniques, prévu pour 2013), c’est une autre histoire.

Pour compléter, et en attendant l’article dans Voile Mag, vous pouvez lire ce billet de Thierry Seray, sur son blog Tendance Bleue. Vous pouvez aussi reprendre, dans vos archives, l’article de Bernard Rubinstein à propos de L’Hydroptère première mouture, publié dans le numéro 29 de Voile Magazine, en 1998. Je rappelle enfin qu’il existe un site de référence sur les bateaux volants.

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Publié par Sébastien Mainguet
Sébastien a œuvré à Voile Magazine de 2000 à 2015, aux essais mais aussi très souvent aux sujets équipement dont il s’est fait le spécialiste. Il a notamment été longtemps la cheville ouvrière de notre hors-série annuel dédié à l’équipement.
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