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T’as des bottes, mon pote, elles sont préhistoriques…

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… mais elles me bottent quand même

L'équipage de Banque Populaire : tout le monde en "Chameau". ©Loïc Madeline, Voile Magazine

Mouahahaha. Depuis plus de dix ans que je m’intéresse à l’équipement nautique, les gens de chez Musto ne cessent de m’annoncer la disparition imminente et inéluctable des bottes en caoutchouc ; le patron de Musto France a même pu affirmer un jour que ces accessoires n’étaient plus guère utilisés que par des « hommes préhistoriques » (sic). Et pourtant, depuis dix ans, nombre de coureurs au large s’obstinaient à porter les fameuses Neptune de Le Chameau, boudant les modèles « respirants » (Gore-tex ou autre) de Musto, Lloyd et consorts. Quel mauvais goût. A chaque arrivée de trophée Jules Verne, on pouvait ainsi voir une brochette d’équipiers sautiller de joie sur leur trampoline, tous équipés des fameuses bottes caoutchouc à guêtres rouges.

Autant dire qu’un scepticisme de bon aloi m’avait rapidement gagné. Respirer dans des bottes, pourquoi pas, mais quand il fait chaud on est aussi bien avec de vieilles chaussures bateau qui ne craignent pas l’eau… Et quand il fait froid il ne s’agit plus de respirer ; seulement d’être au chaud – et au sec. (1)

Et alors devinez quoi. Au dernier salon nautique de Paris, voilà t’y pas que Musto nous sort sa nouvelle botte… tout en caoutchouc, avec des guêtres qui rappellent furieusement celles de la Neptune… et une doublure en néoprène, comme sur la Neptune. Le prestigieux fabricant britannique, fournisseur quasi-exclusif des coureurs au large pour les vêtements, a semble-t-il fini par se vexer de voir ses ouailles faire la fine bouche devant ses bottes en Gore-tex. Avec ces « Southern Ocean », qui semblent fort bien conçues, il va enfin pouvoir équiper les hommes préhistoriques. On peut quand même regretter que ni Musto ni Le Chameau ne proposent une alternative au néoprène pour la doublure, parce qu’à moins de naviguer dans le Grand Sud, ou sur l’Atlantique nord en hiver, c’est vraiment chaud… (2)

Chez Henri Lloyd, le frère ennemi, on a dû faire un peu le même constat, et on botte pour ainsi dire en touche en choisissant une troisième voie : le nouveau modèle « Extreme Waterproof » est hybride, avec un chausson caoutchouc (pour assurer une étanchéité parfaite, et à long terme…) et une tige respirante (la doublure en tissu imper-respirant se prolonge dans tout le chausson). Ici, pas de néoprène. Voilà peut-être un compromis intéressant.

En bref, tout cela ressemble à un grand retour de la réalité, à une défaite en rase-campagne du marketing triomphant. Il aura fallu le temps.

Pour tout savoir sur les bottes respirantes et leurs mérites réels ou supposés, reportez-vous à notre numéro 183 de mars 2011 (13 paires de bottes respirantes face à la Neptune).

(1) Les bottes respirantes conservent quand même quelques vrais atouts : leur légèreté, et dans bien des cas un confort appréciable, sans oublier leur côté seyant, tout cela permettant de les porter à la ville sans désagrément.

(2) Jusqu’en 2007, une géniale doublure cuir était disponible pour la Neptune, mais il paraît qu’il ne s’en vendait pas assez. Dommage. Pour les modèles sans guêtre « Marine » ou « Race », on a le choix entre néoprène et jersey (polyester léger).

Publié par Sébastien Mainguet
Sébastien a œuvré à Voile Magazine de 2000 à 2015, aux essais mais aussi très souvent aux sujets équipement dont il s’est fait le spécialiste. Il a notamment été longtemps la cheville ouvrière de notre hors-série annuel dédié à l’équipement.
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