Régates et courses

Le Vendée en monotype? (suite)

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La transat Jacques Vabre bat son plein, le Vendée Globe s’élancera dans un an mais le grand débat qui agite la classe concerne l’édition 2016 ou 2020 du tour du monde. Faut-il continuer à courir en IMOCA 60 ou bien passer en monotype ? Le débat a été lancé lors de la réunion de la classe avant le départ de la Jacques Vabre et les skippers ont promis d’y réfléchir et de revenir sur la question au mois de janvier…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les avis sont partagés. Pour preuve ces opinions recueillies à la volée à la veille du départ de la Jacques Vabre. Première impression, ceux qui sont contre sont résolument contre. Ceux qui n’y sont pas opposés se contentent de dire qu’il faut y réfléchir, mais c’est plus tiède. Verbatim.

Jean-Pierre Dick,
skipper de Virbac-Paprec

Je crois qu’il faut y réfléchir. Un projet Imoca coûte vraiment très cher, de plus en plus cher et il faut que les sponsors s’y retrouvent. Ce n’est vraiment pas facile en ce moment et l’escalade des coûts freine l’arrivée de nouveaux sponsors.

Dominique Wavre,
skipper de Mirabaud

La pression économique nous oblige à y réfléchir. Il faut penser aux sponsors. Peut-être pas pour 2016 -il pourrait y avoir les deux, protos et monotype sur le même parcours. Mais pour 2020. C’est une question de fond: veux-t-on réserver le Vendée aux seuls très gros sponsors ou bien laisser les PME dans le coup ? Plus le ticket d’entré est cher, moins il y a de sponsors potentiels.

Vincent Riou,
skipper de PRB


L’idée de courir en monotype ne m’enchante pas particulièrement mais j’ai peur qu’il n’y ait pas d’autres solutions pour garder une classe forte. Un prototype coûte de plus en pus cher et n’est compétitif que pendant quatre ans. On atteint des budget annuels qui deviennent inaccessibles pour des PME. La monotypie est dans l’air du temps, si l’on doit y passer, il faut le décider rapidement : une classe comme l’Orma a disparu très vite.

Kito de Pavant,
skipper de Groupe Bel

Rien ne dit qu’un monotype coûtera moins cher, d’autant qu’il sera plus grand pour assurer des performances au moins égales aux bateaux actuels. Et puis il y a encore beaucoup de progrès à faire, de perfectionnements à expérimenter dans le cadre de la jauge. Du coté des coureurs ou des architectes, il y a des jeunes qui poussent! Il y a une crise économique mais ce n’est pas une raison pour tout changer. Le vrai problème c’est que nous ne vendons pas nos projets assez cher, nous sommes de trop petites équipes. Peut-être que certains sponsors ne peuvent pas suivre mais il faut savoir ce que l’on veut : les meilleurs navigateurs solitaires sur les meilleurs bateaux ou une formule plus accessible mais moins spectaculaire, moins innovante ?

François Gabart,
skipper de Macif

La monotypie est une question qui m’a surpris, à première vue je dirais qu’il ne faut pas prendre de décisions trop rapides. Techniquement une monotypie est très difficile à mettre en place, je ne sais pas comment on peut y arriver. En MOD 70, -dont on ne peut pas encore connaître les retombées- il y a un investisseur privé qui a financé la construction de la flotte. Et c’est vrai aussi en Extreme 40 ou en AC 45. Matériellement, je ne vois pas comment on peut y arriver. Et puis en parlant de monotypie, on crée de l’instabilité et du doute. Je vient tout juste de toucher un bateau neuf, mon sponsor arrive dans le circuit et on parle de changer les règles : il se demande où va la classe ! Aujourd’hui l’Imoca ne va pas si mal, il y a 13 bateaux au départ de la jacques Vabre, il y en aura entre 15 et 20 au départ du Vendée et des bateaux neufs. La classe réussit à attirer de nouveaux sponsors : c’est positif ! Il y avait moins de bateaux neufs au départ de l’édition 2004 du Vendée et on ne parlait pas de crise.

On le voit, cela ne sera pas facile de mettre toute cette brochette de champions d’accord. On remarque que plus la surface financière du sponsor est importante, plus les skippers sont plus réticents face à la monotypie mais ce serait leur faire injure que de penser qu’ils fondent leur opinion sur ce seul critère. D’autant qu’ils ont tous couru en solitaire et en monotype dans la classe Figaro et sont donc bien placés pour mesurer avantages et inconvénients des deux formules. Indépendamment de la crise économique qui impacte forcément les budget de communication des entreprises, on peut observer que les gains en performance coûtent de plus en plus cher, à l’instar du voile de quille en titane de Safran. Mais ce sponsor n’aurait pas de raison d’être présent sur une course en monotypie où il ne pourrait pas faire montre de ses capacités technologiques. Une course autour du monde sur des bateaux identiques ne ferait pas autant vibrer les ingénieurs mais sacrerait également un grand marin et il est difficile de dire si cela ôterait ou non l’intérêt du public. Au fait, le tiercé de la Jacques Vabre à mi-parcours, c’est un plan Verdier/VPLP devant un plan Farr et le troisième est un Owen/Clarke… Qu’est-ce que cela nous dit sur la valeur respective des bateaux? Pas grand chose, les choix des marins ont été prépondérants. Autant dire que le dossier est loin d’être clos.

Publié par Loïc Madeline
Journaliste à Voile Mag de fin 1999 à 2015, Loïc a été adjoint puis Rédacteur en chef avant de partir vers de nouveaux horizons. Venu de la presse généraliste, écrite et télé, c’est un journaliste dans l’âme, rigoureux et passionné.
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