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Le skipper surprise

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Ah, ils avaient vraiment tout fait, les “communicants” de Banque Pop’, pour tenir leur petit monde en haleine. Ce qui n’a pas empêché quelques gros malins de balancer, avant l’heure dite, de bonnes grosses hypothèses bien senties (quel talent). Bref. Pas moyen de négocier, pour notre numéro daté juillet à paraître le 11 juin (et que nous avons bouclé il y a quelques jours), le nom du skipper de Banque Populaire V pour la saison à venir – autrement dit, le nom du remplaçant de Pascal Bidégorry, celui-ci ayant (été) débarqué il y a quelques semaines. Rien ne devait filtrer… Ah, misère de la presse papier mensuelle à l’heure où d’aucuns twittent comme des guedins…

C’est donc Loïck Peyron qui prendra la barre du plus grand multicoque de course au monde, d’abord pour le Record SNSM (départ le 19 juin), puis pour le Fastnet en août [1], et surtout bien sûr pour le trophée Jules Verne (départ l’hiver prochain, pas celui d’après). Le récent vainqueur de la Barcelona World Race (en double avec Jean-Pierre Dick) se retrouve ainsi à la barre d’un (très) grand bateau et à la tête d’un équipage complet. “Un héritage assez lourd”, souligne-t-il avec son légendaire sens de la formule et sans oublier de glisser un petit hommage à son prédécesseur. En tout cas, sur cette photo de Benoît Stichelbaut (ci-dessus), il a l’air content. Si l’on en croit le storytelling de la Banque Populaire, jusqu’à hier après-midi les équipiers eux-mêmes ne savaient pas quel skipper allait tomber dans leur cockpit pour la séance de photo/vidéo organisée ce 6 juin en rade de Lorient. “On a essayé de faire ça discrètement”, commente Loïck Peyron.

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Ces images plutôt étranges montrent en effet un Peyron qui surgit de l’horizon à bord d’un semi-rigide, embarque sur le maxi-trimaran alors que celui-ci se trouve déjà au large, salue ses équipiers et commence à regarder un peu partout, tiens, comment ça marche, ce truc… Lors de la conférence de presse tenue ce marin à Paris, le nouveau skipper a précisé qu’il ne comptait pas apporter de grands changements dans la composition l’équipage [2], affichant à cet égard une humilité qui ne semblait pas du tout feinte.

N’en jetez plus !

Car pour le reste, il faut bien dire que toute cette mise en scène était assez ridicule. Les fastes du studio Harcourt (où se tenait la conférence), un journaliste de télévision (Christophe Pacaud) spécialement missionné pour chauffer la salle et donner la réplique au directeur général Banque commerciale et Assurances du groupe BPCE (Olivier Klein), le skipper planqué dans les coulisses jusqu’à l’instant fatidique… Trop, c’est trop, et puis on se demande un peu à quoi ça rime.

Vu de l’intérieur, voici ce que ça donne. Après avoir souligné assez lourdement à quel point le suspens était insoutenable, l’attente insupportable, et l’émotion palpable, le présentateur donne la parole à Olivier Klein, le big boss de chez BPCE, qui nous parle bien sûr des valeurs-de-la-voile. Devinez quoi, les-valeurs-de-la-voile sont les mêmes que celles de la Banque Populaire ! L’annonce est désormais imminente, chacun est censé retenir son souffle, et le présentateur s’assure à nouveau que tout le monde est suffisamment ému et impatient. Quelque part dans la salle, Pierre-Yves Lautrou se prépare à envoyer une salve de tweets. Et c’est là que Loïck Peyron, enfin libéré par ses nouveaux mentors, bondit hors de sa boîte par une porte dérobée. On se demande ce qu’ils vont inventer la prochaine fois qu’ils changent de skipper… Pour faire un peu plus jeune et encore plus high-tech, je suggère une arrivée nocturne en sous-marin de poche, avec David Vendetta aux platines et Michaël Youn au micro.

La dernière chance ?

Bon mais à part ça, me direz-vous, comment Loïck Peyron va-t-il pouvoir assumer en même temps la fonction de skipper de Banque Pop V et celle de skipper du défi Energy Team, challenger pour la Coupe de l’America ?

-Une première réponse vient à l’esprit, mais c’est bien sûr du mauvais esprit : jusqu’à présent, le concept Energy Team ne semble pas électriser beaucoup les sponsors potentiels. Rappelons qu’en février dernier, Bruno Peyron (le directeur du défi) se donnait jusqu’à avril pour accrocher un gros partenaire. (voir ce billet)

-Loïck Peyron, qui a réponse à tout, et le sens de la répartie, a su dégainer un argument percutant pour balayer les interrogations de quelques sceptiques : n’oubliez pas, leur a-t-il dit, ce gars qui avait gagné il n’y a pas si longtemps la Coupe de l’America un an après avoir remporté le Jules Verne… Il parlait bien sûr du Néo-Zélandais Peter Blake, vainqueur de la Coupe en 1995 (face au defender américain) après avoir décroché le trophée Jules Verne en 1994. Qu’on se le dise, Loïck Peyron compte bien rester aux côtés de son grand frère au sein d’Energy Team, et continuer à naviguer sur toutes sortes de supports (dont en particulier le D35).

Dernière chose à signaler : Chantal Petrachi, la directrice de la communication de Banque Populaire, a été assez claire sur le fait que les “compteurs” seraient “remis à zéro” en 2012 (ceux-là aussi). “Notre focus est sur 2011-2012”, a-t-elle affirmé, rappelant qu’à l’origine la Banque Populaire ne s’était pas engagée au-delà : “Nous nous étions donné trois saisons pour décrocher le trophée Jules Verne, et là, c’est la troisième”. Donc là, faut y aller.

On dira ce qu’on voudra, mais ce maxi-trimaran a quand même une sacrée gueule, Loïck Peyron a un immense talent, alors on lui souhaite, ainsi qu’à son équipage, de faire le tour en moins de 48 jours 7 heures et 44 minutes.

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[1] Petite remarque du nouveau skipper : “Va falloir gérer un peu le départ dans le Solent avec 300 bateaux autour, mais y a pas de problème, on saura faire”.

[2] Peyron annonçait toutefois une “recrue de choix”, mais en refusant obstinément de donner un nom ; il semble que ce soit le nouvel os qu’on nous donne à ronger pour les prochains jours.

MAJ 9/06 : Paraît que certains ne connaissent pas David Vendetta. Enfin, ils croient qu’ils ne connaissent pas… car franchement, qui a pu échapper à ça ?

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Ces images plutôt étranges montrent en effet un Peyron qui surgit de l’horizon à bord d’un semi-rigide, embarque sur le maxi-trimaran alors que celui-ci se trouve déjà au large, salue ses équipiers et commence à regarder un peu partout, tiens, comment ça marche, ce truc… Lors de la conférence de presse tenue ce marin à Paris, le nouveau skipper a précisé qu’il ne comptait pas apporter de grands changements dans la composition l’équipage [2], affichant à cet égard une humilité qui ne semblait pas du tout feinte.

N’en jetez plus !


Car pour le reste, il faut bien dire que toute cette mise en scène était assez ridicule. Les fastes du studio Harcourt (où se tenait la conférence), un journaliste de télévision (Christophe Pacaud) spécialement missionné pour chauffer la salle et donner la réplique au directeur général Banque commerciale et Assurances du groupe BPCE (Olivier Klein), le skipper planqué dans les coulisses jusqu’à l’instant fatidique… Trop, c’est trop, et puis on se demande un peu à quoi ça rime. Vu de l’intérieur, voici ce que ça donne. Après avoir souligné assez lourdement à quel point le suspens était insoutenable, l’attente insupportable, et l’émotion palpable, le présentateur donne la parole à Olivier Klein, le big boss de chez BPCE, qui nous parle bien sûr des valeurs-de-la-voile. Devinez quoi, les-valeurs-de-la-voile sont les mêmes que celles de la Banque Populaire ! L’annonce est désormais imminente, chacun est censé retenir son souffle, et le présentateur s’assure à nouveau que tout le monde est suffisamment ému et impatient. Quelque part dans la salle, Pierre-Yves Lautrou se prépare à envoyer une salve de tweets. Et c’est là que Loïck Peyron, enfin libéré par ses nouveaux mentors, bondit hors de sa boîte par une porte dérobée. On se demande ce qu’ils vont inventer la prochaine fois qu’ils changent de skipper… Pour faire un peu plus jeune et encore plus high-tech, je suggère une arrivée nocturne en sous-marin de poche, avec David Vendetta aux platines et Michaël Youn au micro.

La dernière chance ?


Bon mais à part ça, me direz-vous, comment Loïck Peyron va-t-il pouvoir assumer en même temps la fonction de skipper de Banque Pop V et celle de skipper du défi Energy Team, challenger pour la Coupe de l’America ? -Une première réponse vient à l’esprit, mais c’est bien sûr du mauvais esprit : jusqu’à présent, le concept Energy Team ne semble pas électriser beaucoup les sponsors potentiels. Rappelons qu’en février dernier, Bruno Peyron (le directeur du défi) se donnait jusqu’à avril pour accrocher un gros partenaire. (voir ce billet) -Loïck Peyron, qui a réponse à tout, et le sens de la répartie, a su dégainer un argument percutant pour balayer les interrogations de quelques sceptiques : n’oubliez pas, leur a-t-il dit, ce gars qui avait gagné il n’y a pas si longtemps la Coupe de l’America un an après avoir remporté le Jules Verne… Il parlait bien sûr du Néo-Zélandais Peter Blake, vainqueur de la Coupe en 1995 (face au defender américain) après avoir décroché le trophée Jules Verne en 1994. Qu’on se le dise, Loïck Peyron compte bien rester aux côtés de son grand frère au sein d’Energy Team, et continuer à naviguer sur toutes sortes de supports (dont en particulier le D35). Dernière chose à signaler : Chantal Petrachi, la directrice de la communication de Banque Populaire, a été assez claire sur le fait que les “compteurs” seraient “remis à zéro” en 2012 (ceux-là aussi). “Notre focus est sur 2011-2012”, a-t-elle affirmé, rappelant qu’à l’origine la Banque Populaire ne s’était pas engagée au-delà : “Nous nous étions donné trois saisons pour décrocher le trophée Jules Verne, et là, c’est la troisième”. Donc là, faut y aller. On dira ce qu’on voudra, mais ce maxi-trimaran a quand même une sacrée gueule, Loïck Peyron a un immense talent, alors on lui souhaite, ainsi qu’à son équipage, de faire le tour en moins de 48 jours 7 heures et 44 minutes.
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Publié par Sébastien Mainguet
Sébastien a œuvré à Voile Magazine de 2000 à 2015, aux essais mais aussi très souvent aux sujets équipement dont il s’est fait le spécialiste. Il a notamment été longtemps la cheville ouvrière de notre hors-série annuel dédié à l’équipement.
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